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1045. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Elles frappaient de discrédit un système littéraire épuisé. […] Chateaubriand est le plus grand peintre et le plus éloquent interprète de la nature que nous sachions, et qu’encore il est un Lucrèce sans système, et, comme il a voyagé, un La Fontaine pins riche. […] C’est avec René, le vrai livre de Chateaubriand jeune, sans système, sans thèse, sans attitude, sans prétention, enivré de liberté, de solitude, d’ironie sincère, de naïve et magnifique désespérance. […] Il fut isolé, indépendant et sans système. […] Il ne dit pas comme Chateaubriand ou Lamartine : « Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime. » Plus logique dans son système de désespérance, il sait qu’elle n’invite et n’aime personne.

1046. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Tandis que le rythme est, au fond, un ensemble de sons en proportion avec nos organes, la rime reste simple conformité de sons dans les finales des mots, et bien qu’il puisse y avoir conception d’un système poétique sans rime, et qu’il ne puisse y en avoir sans rythme, insensiblement, même dans les versifications soumises à la métrique grecque, comme la latine par exemple, l’allitération aidant, des rapprochements de sons s’opèrent « date telum, fama malum » et, de par l’assonance se crée la rime. […] Mais mon système n’est pas ce que vous entendez, je crois, par « vers libre ». […] Mon système est par conséquent aussi difficultueux — peut-être plus — que celui qui procède par rimes. […] Dans le système de l’assonance, la rime vraie n’est qu’un hasard ; dès le xiie  siècle, elle est assez fréquente : dei et tornei, parpens et tens, conseil et soleil, triforie et ivorie, Les rocs sont de crisoprase Color de feu ont qui embrase… Cela est tiré du Roman de Thèbes, lequel est rimé avec beaucoup de soin.

1047. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

La lecture de la Chartreuse, si l’on a l’imagination sensible, et si l’on n’a pas l’esprit barré par un système, cette lecture mélodieuse et plaintive, faite à certaine heure, à demi-voix, produira toujours son effet, émouvra encore et finira par mêler vos pleurs à ceux du poète : Cloître sombre, où l’amour est proscrit par la Ciel, Où l’instinct le plus cher est le plus criminel, Déjà, déjà ton deuil plaît moins à ma pensée ! […] Ils ont fait des systèmes de mœurs plus que des systèmes de lois. […] « On a voulu que cette tête opposât une force d’inertie et de résistance aux fausses doctrines et aux systèmes dangereux. […] Quand il vit le libéralisme naître, s’organiser, M. de La Fayette nommé à la Chambre élective, il s’effraya du mouvement nouveau qu’il imputait à la faiblesse du système, et revira légèrement.

1048. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

À quoi le seigneur Géronimo, changeant de système et renonçant à donner une leçon désormais inutile, et d’ailleurs peu jaloux de se faire un ennemi du seigneur Sganarelle, se met à répliquer : — Vous avez raison ! […] — Plaignons son système, dit Philinte ; son système est un mot aussi nouveau dans la comédie, que le mot : ministère. Il est au ministère, plaignons son système, deux mots du temps philosophique. Du temps de Molière, Philinte obéissait à son caractère ; au temps de Fabre, il obéit à son système ; le Philinte de Molière s’abandonne à sa bonne et austère nature ; le Philinte de Fabre raisonne jusqu’à sa bonté ; Philinte reçoit Alceste avec mille protestations mensongères d’amitié et de dévouement ; Éliante, plus vraie, le reçoit simplement et avec une grâce toute unie. […] ce Philinte, cet égoïste, cet homme si tranquille et si calme, qui a réduit en système le nil admirari du poète, cet homme qui s’intrigue et se ménage, comme dit Boileau, le voilà qui sort de son repos, il éclate, il est hors de lui-même.

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