Elle est toujours au même point ; il y a eu un moment où l’on avait cru le contraire ; même Monsieur se vantait beaucoup ; mais la suite a bien prouvé que ce n’était qu’une gasconnade, et je crois qu’il restera toujours comme il est. » Marie-Antoinette s’est chargée là de fournir une note historique à l’appui, pour une future édition des Chansons de Béranger : relisez Octavie 63. […] Marie-Antoinette est la première à le sentir : « Il est bien vrai que les éloges et l’admiration pour le roi ont retenti partout ; il le mérite bien par la droiture de son âme et l’envie qu’il a de bien faire ; mais je suis inquiète de cet enthousiasme français pour la suite.
Elle contracta dès lors une habitude de souffrance, qui attendrit par la suite son talent, mais qui passa irrémédiablement dans tout son être, Mlle Desbordes fut ensuite engagée au théâtre des Arts de Rouen pour remplir l’emploi des ingénuités ; elle y réussit beaucoup : elle était l’ingénuité même. […] Son tour viendra un jour, ainsi de suite.
Aux heures propices de liberté, il s’essayait dès lors à ce roman de son cœur. « Plusieurs fois j’étais dans les bois avant que le soleil parût ; je gravissais les sommets encore dans l’ombre, je me mouillais dans la bruyère pleine de rosée ; et, quand le soleil paraissait, je regrettais la clarté incertaine qui précède l’aurore ; j’aimais les fondrières, les vallons obscurs, les bois épais ; j’aimais les collines couvertes de bruyère ; j’aimais beaucoup les grès renversés, les rocs ruineux ; j’aimais bien plus ces sables vastes et mobiles dont nul pas d’homme ne marquait l’aride surface sillonnée çà et là par la trace inquiète de la biche ou du lièvre en fuite. » Si l’on a le droit de conclure d’Oberman à M. de Sénancour, genre de conjecture que je crois fort légitime pour les livres de cette sorte, en ne s’attachant qu’au fond du personnage et à certains détails caractéristiques, il paraît que, dans une de ses courses à travers la forêt, le jeune rêveur fut conduit, à la suite d’un chien, vers une carrière abandonnée, où un ouvrier, qui avait pendant plus de trente ans taillé des pavés près de là, n’ayant ni bien ni famille, s’était retiré, pour y vivre d’eau, de pain et de liberté, loin de l’aumône et des hôpitaux. […] la Révolution française, en grondant autour de lui, n’avait apporté aucune perturbation notable, aucun exemple de circonstance, à travers la suite de ses pensées.
« Si vous avez travaillé à votre livre, vous seriez bien bon de m’en apporter la suite. […] Je l’ai donc retirée pour en faire le commencement d’une historiette toute rustique, et j’ai mis dans la bouche de mon secrétaire intime, dans le courant de son séjour à Monteregale, un récit de sa jeunesse où j’ai tâché de tracer son humeur d’une manière qui s’harmonie mieux avec la suite.