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830. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Cela lui suffit toute une année pour vivre. […] « Père, dit le cavalier, il suffit ; je retire ma demande, car un gardien des cavales de la Camargue connaît la piqûre du cousin !  […] « Ils sont trop loin, vos pins, répond-elle. — Prêtres et filles, réplique le bouvier, ne peuvent savoir jamais la patrie où ils iront manger leur pain un jour. » Il me suffit de le manger avec celui que j’aime. […] « Puis dans une casaque noire elle presse légèrement sa petite taille, qu’une épingle d’or suffit à resserrer ; par tresses longues et brunes ses cheveux pendent et revêtent comme d’un manteau ses deux épaules blanches ; mais elle en saisit les boucles éparses, « Vite les rassemble et les retrousse à pleine main, les enveloppe d’une dentelle fine et transparente ; et, une fois les belles touffes ainsi étreintes, trois fois gracieusement elle les ceint d’un ruban à teinte bleue, diadème arlésien de son front jeune et frais.

831. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Vis là, amant de la bêche fourchue et possesseur d’un jardin cultivé de tes propres mains, dont les légumes puissent suffire au repas frugal de cent disciples de Pythagore ! […] ne demandons à la charrue que le pain qui suffit à notre table. […] L’esprit suffit pour faire un proverbe ; l’imagination et l’enthousiasme sont nécessaires pour écrire un vers de sentiment. […] Ces beautés sont des crimes d’esprit qu’on ne peut admirer qu’en les déplorant, crimes brillants, mais inutiles, même au bon goût qu’ils prétendent venger ; car le temps suffit seul à éteindre toutes ces fausses gloires.

832. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Je suis de ceux auxquels il suffit de ne point faire de faux pas en courant. […] Il aura, en se perfectionnant, de ces rapidités de récit qui sont même d’un grand écrivain ; parlant, dans l’Abrégé chronologique, des premiers succès de Conradin en Toscane : « Ces beaux commencements, dit-il, trahirent le jeune Conradin et le flattèrent pour le mener à la mort. » Il ne faut point faire, toutefois, comme Perrault, et aller jusqu’à comparer Mézeray à Thucydide ; les discours qu’il place dans la bouche de certains de ses personnages ont de la pensée sans doute, mais on a très bien remarqué que Mézeray écrit d’abondance et n’a point de phrase, c’est-à-dire de forme à lui ; il suffit que sa diction soit naturelle, sincère, expressive, sa narration pleine et bien démêlée.

833. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Sans qu’il soit besoin de plus de détails, il suffit de savoir que le ministre de la Police générale, le duc de Rovigo, transmit de Paris, pendant la campagne de Russie et vers le moment de la bataille de la Moskova, une note dressée par l’habile préfet de police de Paris100, exposant tout un nouveau système relatif aux subsistances des grandes villes, et contenant des aperçus sur ce qu’il conviendrait de faire en France pour arriver à une bonne administration des grains. […] La facilité avec laquelle je travaillais m’a permis d’embrasser beaucoup d’objets à la fois, et de suffire à une assez lourde tâche ; de telle sorte que je suis peut-être redevable, en fin de compte, à mes études d’Horace et de Cicéron, du peu de succès que j’ai eu dans ma vie administrative et politique.

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