Le style en est simple et uni : La simplicité du style, pense avec raison l’auteur, convient seule lorsque l’expression ne peut atteindre à la grandeur des objets. […] D’ailleurs c’est le style de l’écrivain, c’est l’enchaînement qu’il donnera aux choses, la manière de présenter les faits, de peindre les personnages, qui contribuera beaucoup au succès de l’ouvrage.
On transporte, on charrie les choses, mais pour le style, pour l’élocution, « cette partie, certes la plus difficile et sans laquelle toutes autres choses restent comme inutiles et semblables à un glaive encore couvert de sa gaine », comment en prendre une juste et lumineuse idée chez les traducteurs ? […] Il commence par avouer nettement qu’il ne se contente pas de ce qu’on a jusqu’ici, ni de la facilité de Marot, ni de la docte gravité d’Héroët : il estime qu’on peut en français davantage, et que notre poésie est capable d’un plus haut style. […] Dans tous ces chapitres de l’Illustration il y a ampleur, harmonie, élévation, noblesse de style, un ton soutenu ; c’est d’un souffle bien autrement puissant que chez Boileau, ce dernier étant plus occupé du détail et de la perfection, plus attentif à ce qu’on appelle goût.
Procédant d’Amyot en style bien plus que Seyssel, le délicieux écrivain François de Sales, né au château de son nom, résidait à Annecy ; avec son ami le président Antoine Favre, jurisconsulte célèbre et père de l’académicien Vaugelas, il fondait, trente ans juste avant l’Académie française, une académie dite Florimontane, où la théologie, les sciences et aussi les lettres étaient représentées : leur voisin Honoré d’Urfé en faisait partie28. […] En ce qui est du comte Xavier, le naturel décida tout ; le travail du style fut pour lui peu de chose ; il avait lu nos bons auteurs, mais il ne songea guère aux difficultés de la situation d’écrivain à l’étranger. […] Il écrivait en style moins lyrique à un ami, en se faisant tout petit, non sans malice : « Dans l’impossibilité où je suis de comprendre cette faculté (du poëte) et pour ne pas avouer cette supériorité dans les autres, je pense que les poëtes ont quelque chose dans le poignet qui change la prose en vers à mesure qu’elle passe par là pour se rendre de la tête sur le papier ; en sorte qu’un poëte ne serait qu’une filière plus ou moins parfaite.
De « magnifiques éclairs » et « les jeux de la foudre sur l’Océan » accompagnent les cascades de Mme d’Hermany, Et le style est « distingué » à l’égal des personnages et du décor. […] Le monde où ils se déroulent, il est vrai, et le style qui les enveloppe sont essentiellement aristocratiques ; mais aussi ils s’en piquent trop ! […] Je retrouve ce style poli, souple, bien tenu, presque toujours précis, non pas coloré, mais fleuri, et cette allure qui me fait songer à un cheval de race, long, aux jambes fines, avec de subits frémissements à fleur de peau.