Il peut croire à son hostilité puisqu’il est sûr de souffrir et de mourir. […] Il saura que, quoi qu’il fasse, et même s’il ne fait rien, il blessera des intérêts et froissera des sentiments, il souffrira et fera souffrir.
Puis47, l’âme ayant connu future la damnation : se racheter, se sauver, retrouver la première joie du repos, et la paix du non-désir ; donc agir et souffrir, agir et s’inquiéter, agir et préparer, convoiter, humilier, être humilié, être et faire misérable, souffrir ; hélas ! […] C’est ; d’abord50, une entrée à quelque monde, lointain, de nouvelles réalités, et c’est le confus emmêlement de vies religieuses, lointaines, comme en l’attente de leur forme … Alors le Pur et Folax une âme pure, où entre la vie d’une vie très exaltée, et d’une vie très concupiscente, très adorante, l’éternel languir, le souffrir et le jouir éternel de l’âme, et la vie de fornication, — la vie luxurieuse et mystique, — jusque le surgissement, en lent exhaussement, triomphal, de la vie voulue.
Si c’est une faiblesse de mourir parce qu’on souffre, c’est une folie de vivre pour souffrir. […] L’homme est exposé à l’infortune et à la douleur ; le philosophe apprend à l’homme à souffrir. […] Elle souffrirait patiemment que je lui enlevasse une de ses victimes ! […] combien vous aviez souffert jusqu’à ce moment ! […] — Est-ce que le stoïcien souffre en exil ?
A cet âge d’exaltation, la rêverie, les combinaisons romanesques, le sentiment et les obstacles qu’il rencontre, la facilité à souffrir et à mourir, étaient, après le culte singulier pour son père, les plus chères occupations de son âme, de cette âme vive et triste, et qui ne s’amusait que de ce qui la faisait pleurer. […] Mais elle s’aperçut alors que, pour tant souffrir, on ne mourait pas ; que les facultés de la pensée, que les puissances de l’âme grandissaient dans la douleur ; qu’elle ne serait jamais aimée comme elle aimait, et qu’il fallait pourtant se proposer quelque vaste emploi de la vie. […] … ses opinions politiques étaient bien des principes ; mais les noms propres, c’est-à-dire les personnes, les amis, les inconnus, tout ce qui vivait et souffrait, entrait en compte dans sa pensée généreuse, et elle ne savait pas ce que c’est qu’un principe abstrait de justice devant qui se tairait la sympathie humaine. […] Dans son rapprochement de Mme de Duras et de M. de Chateaubriand, elle cherchait à s’entendre avec la portion éclairée, généreuse, d’un royalisme plus vif que le sien : « Mon système, disait-elle en 1816, est toujours en opposition absolue avec celui qu’on suit, et mon affection la plus sincère pour ceux qui le suivent. » Elle eut dès lors à souffrir incessamment dans beaucoup de ses relations et affections privées par les divergences qui éclatèrent ; le faisceau des amitiés humaines se relâchait, se déliait autour d’elle : quelques acquisitions nouvelles et précieuses, comme celle de M. […] Je ne veux rien souffrir de cette clique ; je ne veux point qu’ils fassent de prosélytes et qu’ils m’exposent à frapper de bons citoyens. » Napoléon affecte de considérer en principe Mme de Staël comme étrangère, et de même il affectait alors de ne voir en Benjamin Constant qu’un étranger : cela se raccommoda dans les Cent-Jours.