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278. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

On souffre un peu de voir une intelligence d’une trempe si mâle, si solide et si claire, porter perpétuellement l’image d’Hegel et la retenir, comme la glace ne retient pas l’image, mais comme le bronze retient l’effigie. On souffre de voir un pareil homme suivre Hegel, les pieds dans la trace de ses pieds, et presque servilement, si on pouvait être servile quand on suit ce qu’à tort ou à raison on a pris pour la vérité.

279. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Sans doute, la modération dans les désirs, quand on a le moyen de se modérer, la résignation qui souffre la vie pour moins souffrir de la vie, le calme de l’intelligence qui comprend la nécessité, sont des conditions de santé jusqu’à un certain point, ce qui ne veut absolument rien dire puisque ces conditions sont sans solidité, éternellement menacées par l’imprévu, et peuvent être renversées… par le premier vent-coulis, qui plante un point de côté à Goethe ou à Kant, par exemple, et les emporte, malgré la défense ou le remède de « leurs grandes pensées » !

280. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

» Eh bien, ils souffriront peut-être qu’on s’occupe, sans s’économiser la besogne, d’un être angélique et même charmant à la manière des hommes, et même spirituel, dans le sens littéraire, comme les lettrés le sont rarement, après l’avoir été dans le sens divin comme ils ne le sont jamais ! Ils souffriront peut-être que, pour une fois, on venge les amis de Dieu, qu’on croit généralement par trop simples, des brillants amis du Démon et du monde, qu’on croit véritablement par trop forts !

281. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Jules de Gères »

Il paraît qu’elle en avait souffert, tout incroyable que cela soit… Jules de Gères a fait, lui, le malheur de durer. […] On pourrait faire une anthologie, à l’usage des âmes qui ont souffert et qui se souviennent, avec beaucoup de vers de Jules de Gères, trempés, imbibés et parfumés de mélancolie, ayant la séduction amère et douce de la mélancolie : Cette séduction intime, sœur des larmes, Et qui va droit au cœur de quiconque a pleuré.

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