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1142. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Il croit, par exemple, que lorsqu’il s’agit de harangues & de plaidoyers, c’est peu faire que de rendre fidélement le sens du texte, mais qu’il faut encore, autant que la différence des deux langues le peut souffrir, traduire le tour que l’Orateur donne à ses pensées & à la variété de ses mouvemens. […] Elle ne souffre ni ne fait de panégyriques.

1143. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Ici encore y aurait-il entre la science et la conscience une de ces contradictions qui feraient craindre que les droits de celle-ci n’eussent à souffrir des progrès de celle-là ? […] Cette force des choses, ce génie des peuples, cette âme des multitudes que les historiens antiques n’ont pas devinée, que nos historiens modernes ont démontrée, tout cela s’agite, souffre, parle dans les livres de M. 

1144. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Votre gloire n’en souffrira pas… Si l’on dit que vous vous êtes peu soucié de la fortune, content de vos livres et de vos études, et de consacrer votre temps à l’instruction du public, ne sera-ce pas un très bel éloge ? […] Ses Lettres Galantes, que Voltaire ne peut pas souffrir, sont le plus souvent, en effet, du pur Benserade, mais parfois aussi ont bien du piquant et un joli tour. […] Ses sentiments religieux, des mouvements de tendresse pour ceux qui souffrent, son goût pour les salons et les relations mondaines, complètent, si l’on veut, l’analogie. — Mais c’est par sa tournure d’esprit qu’il semble, surtout, appartenir à ce sexe, qu’il a, souvent, peint avec tant de bonheur. […] Aussitôt qu’il ne subira plus la tyrannie, il l’exercera, et contre lui-même ; car la majorité est solidaire de la minorité, les oppresseurs sont solidaires des opprimés ; la loi tyrannique que vous faites vous met, avec celui-là même que vous liez, dans un état violent dont est gêné le peuple entier où une violence existe, dans une sorte d’état de guerre où l’on souffre autant de la guerre qu’on fait que de celle qui vous est faite. […] Dans un passage sur les jeux scolaires, il ose nommer la « balle », le « ballon » et le « sabot » ; et ce sabot ne saurait se souffrir. — Sait-on bien que Racine lui-même n’est pas constamment élégant ?

1145. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

On dit volontiers du mal de la rhétorique, et à moi-même cela a pu m’arriver quelquefois : pourtant dans ces genres officiels et où la cérémonie entre pour quelque chose, dans ces sujets que l’on ne choisit pas et que l’on ne va point chercher par goût, mais qui sont échus par le sort et imposés avec les devoirs d’une charge, il y a un art, une méthode et des procédés de composition qui soutiennent et qui ne sont nullement à dédaigner ; si on peut les dénoncer et les blâmer par instants en les voyant trop paraître, on souffre encore plus lorsqu’ils sont absents et qu’au lieu d’un orateur on n’a plus devant soi qu’un narrateur inégal, à la merci de son sujet, avec tous les hasards de la superfluité ou de la sécheresse.

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