Ce sont de nobles vers que ceux où il représente « le malheureux lion, languissant, triste et morne, estropié par l’âge, pouvant à peine rugir, et cependant attendant son destin sans faire une seule plainte. »41 Ce lion « chargé d’ans » et qui pleure « son antique prouesse », mais qui souffre et meurt sans rien dire, et à qui l’insulte seule arrache un gémissement, est héroïque comme un personnage de Corneille. […] Ils ne pensent pas d’ordinaire, ils souffrent simplement, et font effort d’un air morne. […] Marchait en haletant de peine et détresse ; Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau, Plutôt que de s’en voir accablé de nouveau, Il souhaite la Mort, et cent fois il l’appelle.
Il se console pourtant à la voix du poëte, en le voyant souffrir comme lui. […] Le malade excédé répond qu’il a donné déjà la moitié de son bien à toutes sortes de moines, et que pourtant il souffre toujours. […] Âge triste et morne, amusé par des divertissements extérieurs, opprimé par une misère plate, qui souffre et craint sans consolation ni espérance, situé entre l’esprit ancien dont il n’a plus la foi vivante, et l’esprit moderne dont il n’a pas la science active.
L’indépendance de notre pensée n’aura donc à souffrir que dans la mesure où la foi serait affaire d’expérience et de raisonnement. […] Placez Joanna Southcote à Rome, elle y fonde un ordre de Carmélites aux pieds nus, prêtes à souffrir le martyre pour l’Église26. » Ou en d’autres termes, faute d’être un gouvernement, le protestantisme, dont on est convenu d’admirer la souplesse, perd à jamais ses moindres hérétiques, tandis que le catholicisme, dont on a si souvent méconnu la « plasticité », absorbe d’ordinaire, annule, et parfois réussit à utiliser les siens, parce qu’il est un gouvernement. […] On dirait aussi bien que nous n’avons de devoirs qu’envers nos semblables, et qu’à la condition qu’ils ne souffrent pas de notre manière d’agir, toute licence nous est donnée de satisfaire nos pires instincts : indulgere turpissimae corporis parti .
-mais, dit l’abbé, je l’aimerais tout autant ailleurs ; je souffre, et le paysage que nous avons quitté me récréait la vue. — Et qu’est-ce que cela fait à la nature ! […] C’est le moi Le Couvreur qui frémit et qui souffre, et c’est le moi tout court qui a du plaisir. — Fort bien, l’abbé ; et voilà la limite de l’imitateur de nature. […] Souffrez-vous à perdre, me disait-il ?