/ 2008
24. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

C’est alors qu’il songe à s’assurer plus d’un gîte et à tenir le pays en plus d’un endroit : il acquiert la terre de. […] Il faut voir, ces jours-là, comme il a renoncé philosophiquement à tout privilège du seigneur : Plus je connais cette terre, et plus je vois qu’il ne faut songer qu’au rural et très peu au seigneurial. Mon occupation est d’améliorer tout ; et je ne songe à faire pendre personne. […] On songe à un M.  […] Ma morale serait donc (et je ne sais si, en la dégageant, je ne songe pas involontairement à quelques-uns des beaux esprits d’un temps plus voisin, à quelques-uns des héritiers mêmes de Voltaire), ma morale, c’est qu’en ayant tous nos défauts, le pire de tous encore est de ne pas être sincère, véridique, et de se rompre à mentir.

25. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Qui songe aux enfants ? […] Qu’il ne songe pas à échapper à cette perspective maussade et cloîtrée d’une vie sans horizon, au milieu de la poussière des paperasses et des cartons verts. Qu’il ne songe pas surtout à manifester un désir de vie libre et indépendante. […] Qu’elle est touchante cette humilité, cette attitude discrète, effacée de Jules Laforgue et qui ressort de la lecture de ses lettres, quand on songe surtout à la qualité de son talent ! […] Songez à l’aventure d’Albert Samain qui s’enhardit, un jour, jusqu’à se présenter chez Théodore de Banville.

26. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Songe que c’est lui qui est juge ; rappelle à ce Tribunal sacré, & tache d’honorer toujours dignement en toi la cause de l’homme. Songe que tu tiens entre tes mains les intérêts de toute ame noble & généreuse ; plaide avec courage, & en présence du méchant même, il frémira à ta voix, les remords secrets déchireront son cœur, & tu liras ton triomphe sur son front abattu. […] Ainsi, Fontenelle, ce Nestor, qui illustra deux siécles, calme, tranquille, modéré jusqu’à sa derniere heure, vit fuir le songe de la vie comme un Sage du haut d’une colline élevée voit mourir les derniers rayons du Soleil. […] Songez que vous êtes tous égaux lorsque vous volez dans la lice. […] Songez enfin que la justice, la générosité, la grandeur d’ame doivent vous animer si vous voulez les peindre avec force, & les faire passer dans les cœurs de ceux qui vous écoutent.

27. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Un Songe formidable a bouleversé son sommeil. — « Voici que la terreur qui hérisse les cheveux et qui sort des songes, a rempli le palais de cris perçants dans cette nuit néfaste. […] III. — Appels à la tombe. — Le songe de Clytemnestre. — Le fils et la mère. […] Le Chœur lui raconte le songe qui a effrayé Clytemnestre. […] En le prenant, il la mordit cruellement ; et il but le sang mêlé au lait qui en jaillissait. — Ainsi le songe fait d’Oreste un monstre, et il ne recule pas devant cette image ; tout au contraire, il accepte l’effrayant augure. Comme le damné du Dante qu’un serpent fond sous son étreinte, il s’identifie au dragon nocturne, et se réjouit du sang que lui promet sa morsure. — « Que par moi ce songe s’accomplisse !

/ 2008