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201. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

— Mais lui, il n’est pas sublime, et il ne songe pas non plus à le paraître ; il a peur, et il le dit. […] Déjà chacun ne songe plus qu’à bien mourir : « Il y avait tout plein de gens qui se confessaient à un frère de la Trinité » là présent. […] Joinville y vint sans savoir d’abord pourquoi il était appelé, et à ce propos il eut un songe qu’il nous raconte et que son chapelain lui expliqua. L’explication du songe était que le roi devait se croiser le lendemain, mais que la croisade serait de peu d’effet et de petit exploit.

202. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Il n’avait pas encore songé à son masque de Stendhal. […] Un jour à Rome, assis sur les degrés de l’église de San Pietro in Montorio, contemplant un magnifique coucher de soleil, il vint à songer qu’il allait avoir cinquante ans dans trois mois, et il s’en affligea comme d’un soudain malheur. […] Il est probable que Beyle y aura songé en prenant le nom sous lequel il devint un guide de l’art en Italie. […] Tous les deux, ils ont cela de commun de dire aux Parisiens bien des duretés, ou même des impertinences, et de songer beaucoup à l’opinion de Paris.

203. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance »

Cette nature fortement consciencieuse de Sismondi avait des scrupules et de la moralité, même en songe. C’est ainsi qu’une nuit, en Italie, il rêva qu’il était à Genève, en tiers avec sa sœur et une autre dame genevoise ; celle-ci se mit à lui parler avec franchise de ses qualités et défauts, et, entre autres vérités un peu dures, elle lui dit : « J’ai encore un reproche impardonnable à vous faire : c’est d’avoir abandonné votre patrie, et d’avoir voulu renoncer au caractère de citoyen genevois. » — Je me défendis d’abord, nous dit Sismondi, qui a pris soin de relater par écrit ce songe, en représentant que la société n’était formée que pour l’utilité commune des citoyens ; que, dès qu’elle cessait d’avoir cette utilité pour but et qu’elle faisait succéder l’oppression et la tyrannie au règne de la justice, le lien social était brisé, et chaque homme avait droit de se choisir une nouvelle patrie. […] L’impression de ce songe lui demeura ; il lui semblait que sa conscience eût parlé. […] Sismondi commençait, en ce temps, à connaître Mme de Staël, et, s’ouvrant à elle de son amour, il lui dit, en réponse aux offres de service qu’elle lui faisait, que déjà elle lui en rendait un très-grand auquel elle n’avait pas songé, par son roman de Delphine ; qu’il le ferait lire à sa mère, et que le livre plaiderait en sa faveur.

204. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

L’âge aussi le lui conseillait : il était arrivé aux limites de la vieillesse ; sa quatre-vingtième année était sonnée : il ne songea plus qu’à finir de tout point convenablement. […] Dans un genre tout différent, M. de Talleyrand dut aussi songer d’assez bonne heure à M.  […] Quand on songe qu’en ses heures d’austérité il avait dit ce mot : « Il y a deux êtres dans ce monde que je n’ai jamais pu voir sans un soulèvement intérieur : c’est un régicide et un prêtre marié », on conviendra qu’il eut à y mettre du sien. […] C’étaient, pour peu qu’on y songe, deux profils des plus originaux et chez qui tout semblait en relief et en opposition : M. 

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