Je prendrai un exemple très simple pour me mieux faire entendre : il est prouvé que la terre tourne autour du soleil : que penserait-on d’un poète qui adopterait l’ancienne croyance, le soleil tournant autour de la terre ? […] Mais le siècle n’appartient pas à ces rêveurs surexcités, à ces soldats de la première heure, aveuglés par le soleil levant. […] Rien ne détraque plus sûrement une cervelle de poète qu’un coup de soleil. […] Leur conversation est coupée par des descriptions de ce coin de la banlieue parisienne ; peu à peu, le crépuscule tombe, le soleil se couche sur Paris. […] Jeoffrin suit doucement les boulevards, au soleil.
Nous abordons volontiers la lecture de cette histoire florentine, que le soleil italien, que l’éclat du xvie siècle embellissent convenablement. […] Il commence à propos d’un livre ou d’une pièce de théâtre par raisonner sur le temps qu’il fait ; il s’attendrit ou il s’irrite, il se rappelle combien le ciel était gris ou bleu un autre jour ; il regarde le soleil se lever ou se coucher et quelquefois il se trompe, il met le couchant à l’Orient, et l’Orient au couchant. […] Quand il a suffisamment parlé à son gré du soleil, de la pluie et du vent, il songe à son affaire, à celle qui fait que vous êtes là à l’écouter. […] Ses phrases tombent autour de vous en feux d’artifice, s’élèvent en fusée, s’épanouissent en soleils tournants, ruissellent de mille feux ; il a soin de ramener sans cesse des mots pailletés, brillants, sautillants ; ce dont il vous entretient le plus volontiers, c’est de fleurs fraîches balancées sur leurs vertes tiges, de diamants, de perles, de rubis ; toutes ces magnificences s’arrangent comme elles peuvent et offrent le sens que le ciel veut ; mais il n’importe guère, pourvu que les huit colonnes du feuilleton des Débats soient remplies ; il y a peu de sujets de se plaindre et d’ailleurs, faut-il avouer cette énormité ?
Que le bouc et la biche resplendissent au soleil, et que, plus haut que les cloches d’argent sur la ville, tout le feuillage chante : Pan est ressuscité ! […] Des brugnons roussiront, sur leurs feuilles, collées Au mur où le soleil s’écrase chaudement ; La lumière emplira les étroites allées, Sur qui l’ombre des fleurs est comme un vêtement. […] Les troupeaux, comme au long d’un poème latin, Paissent avec des ronds de soleil sur leur croupe, Et les oiseaux de mer ont abattu des groupes Que chaque vague berce à son rythme incertain. […] Voici maintenant qu’une seconde fait suite à la première… et le nom qui se dédouble en s’allongeant nous en devient le transparent symbole : Lucie Delarue-Mardrus s’est substituée à Lucie Delarue. — « Un jour, en effet, observe notre confrère Charles Maurras, le poète de l’Occident épousa ce fils du soleil, le docteur Mardrus, né au Caire d’une famille orientale. » Belle union, vraiment faite pour rajeunir le sang des races… que ne l’imite-t-on plus souvent dans l’ordinaire de la vie, où nous voyons des enfants de frères unis par le mariage et voués à faire souche de dégénérés ! […] Oui, l’ardeur du soleil oriental a décidément pénétré les brumes du Nord.
Le xviiie siècle finissait, et le xixe s’annonçait par une éclatante rupture : les premiers soleils du Consulat inauguraient une ère nouvelle en littérature comme en politique, et ce changement à vue, cette réaction déclarée de toutes parts, qui naissait du fond des doctrines, s’affichait jusque dans la forme des talents. […] Dans toutes les branches de la pensée, dans toutes les directions de l’étude et de la connaissance humaine, on vit bientôt, aux premières heures de soleil propice et de liberté, des produits heureux, originaux, attester la fertilité du champ ouvert et l’efficacité de l’entreprise. […] Assez d’autres, sur le devant de la scène, se hâtent d’emboucher la trompette en ces heures de renouvellement, et s’écrient avec fanfares à la face du soleil : Magnus ab integro sæclorum nascitur ordo ! […] pourquoi te vois-je quitter ta monture, y placer ton familier malade, et poursuivre à pied, sous le soleil ardent de la Sicile, une route longue et montueuse ? […] Manzoni d’ailleurs, en ces années de jeunesse, recueillait ses idées et les mûrissait tour à tour sous les soleils de France et de Lombardie, plutôt qu’il ne se hâtait de les produire.