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1781. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Guérir était considéré comme une chose morale ; Jésus, qui sentait sa force morale, devait se croire spécialement doué pour guérir. […] Il est donc permis de croire qu’on lui imposa sa réputation de thaumaturge, qu’il n’y résista pas beaucoup, mais qu’il ne fît rien non plus pour y aider, et qu’en tout cas, il sentait la vanité de l’opinion à cet égard.

1782. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Jésus se plaint souvent de l’incrédulité et de la dureté de cœur qu’il rencontre, et, quoiqu’il soit naturel de faire en de tels reproches la part de l’exagération du prédicateur, quoiqu’on y sente cette espèce de convicium seculi que Jésus affectionnait à l’imitation de Jean-Baptiste 911, il est clair que le pays était loin de convoler tout entier au royaume de Dieu. « Malheur à toi, Chorazin ! […] Les sobriquets que leur donnait le peuple, et qui sentent la caricature, en sont la preuve.

1783. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La diplomatie au xviie  siècle »

En l’acceptant comme elle est écrite, on se demande si la diplomatie est plus qu’une alchimie de riens, — ou quelque obstiné travail d’insecte, quelque tissage de fils d’araignée, interrompu et recommencé dans des circumflexions, sur place, infinies, — et on se sent pris, pour ces petits travailleurs en grandes affaires, du mépris qu’avait pour la médiocrité des meneurs du monde le grand chancelier Oxenstiern, qui s’y connaissait ! […] Valfrey, qui sent à plein nez l’air du bureau ministériel, a l’importance dans le ton qui doit le faire accepter sur le pied d’un privilégié, possédant une érudition spéciale, — l’érudition des choses d’État, — érudition mystérieuse, presque hiératique, car, si enragé d’érudition qu’on veuille être, tout le monde n’a pas la clé du bureau où tous ces renseignements se puisent… Il n’y a que des favorisés qui pénètrent, par grâce, dans les arcanes des correspondances secrètes ; et quoique Valfrey n’ait presque rien rapporté de ces cartons, dans lesquels on l’a autorisé à pratiquer ses petites fouilles, il a l’avantage d’en revenir, et il en revient, pour y retourner !

1784. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Son Dictionnaire 18 était précédé, en 1842, d’une préface dans laquelle on voyait très bien qu’il sentait l’importance de la science à laquelle il s’était dévoué, mais son Étude sur les proverbes, historique, littéraire et morale 19, prouve beaucoup mieux qu’il sait penser sur ce qu’il aime et ajouter à ses recherches des manières de voir toujours sensées et souvent fines… Or, c’est précisément pour cela, c’est à cause de ses perspicaces facultés historiques, qui dominent les autres chez Quitard, que je m’étonne de rencontrer dans son livre une opinion sur l’origine des proverbes plus générale qu’examinée, et plus badaude que vraiment digne de la sagacité d’un historien. […] Ainsi qu’on le voit, ces reproches s’adressent bien plus à une manière de sentir qui nuit à la conception première de son travail qu’à sa science de parémiographe.

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