La doctrine de la perfectibilité dans son sens le moins contestable y est fermement maintenue. […] Biot, parce que pour une raison ou pour une autre, et sans doute parce qu’il l’estimait trop accentué dans le sens philosophique, dans le sens de Condorcet dont il était fort revenu, il n’a pas jugé à propos de le recueillir dans ses trois volumes de Mélanges. […] il croyait volontiers que toutes les épithètes d’Homère ont un sens précis. […] Mais qui ne voit que glorieux est pris ici dans le sens de gloire et splendeur, de nimbe, éclatant, rayonnant ?
Moi profane, à le rencontrer dans la société, je l’aurais cru des plus heureux comme artiste et tout à fait comblé : je sens aujourd’hui pourquoi il ne l’était pas. […] Cousin, de tout temps poëte par l’imagination, entendant le dramatique à merveille, et qui alors aimait assez le théâtre, refaisait volontiers, en conversation du moins, les pièces qu’il avait vues, et ce jour-là au dessert, se sentant plus en verve encore que de coutume, il s’écria (je ne réponds que du sens et non des paroles) : « Je veux faire un drame, un opéra, j’en inventerai l’action, j’en tracerai le plan : toi (s’adressant à l’un des convives), tu l’écriras en vers ; vous, mon cher (se tournant vers un autre convive), vous en composerez la musique, vous en ferez les chœurs et les chants ; et quand l’ouvrage sera fini, nous le donnerons à Feydeau ou au Grand-Opéra. » Le poëte ainsi désigné, c’était Loyson ; le musicien, c’était Halévy ; le sujet de la pièce eût même été, dit-on, tiré d’un conte de Marmontel, les Quatre Flacons. […] Quatremère de Quincy faisait illusion au rebours de bien d’autres, en sens inverse et défavorable ; on croyait en avoir entendu plus et pis qu’il n’y en avait. […] Frohberger était de ces artistes malheureux… » Adoucissons cependant les tons : Halévy était une nature trop riche, trop multiple, trop ouverte et communicative, il était trop bien organisé par tous les sens, il était trop accessible aux douceurs de la sociabilité et aux joies de la famille, il était trop le contraire en tout d’un homme blasé, et avait, comme on dit, trop de cordes à son arc, pour être longtemps ou profondément malheureux. […] » Déjà bien las et bien épuisé de santé, et revenant du Tréport où il avait passé d’assez bonnes semaines : « Allons, disait-il à un ami, je me sens mieux, je suis content ; il faut décidément que je prenne un congé sérieux de deux ou trois mois ; je reviendrai en ce petit lieu, j’y apporterai un opéra que je finirai : il faut que je fasse cela avant ma mort. » Et sur ce qu’une de ses chères enfants présente se récriait sur ce mot : « Aimes-tu mieux, reprit-il, que je dise que je le ferai après ma mort ?
Zeller, avec son bon et droit esprit, a résolu le problème assez délicat d’être court, substantiel toutefois et complet, de ne se perdre ni dans le détail ni non plus dans les généralités, de resserrer les faits, d’en composer un tissu intéressant, et de choisir chaque fois un ordre d’événements et d’actions personnifié dans une ou deux principales figures, un ensemble qui eût un sens et qui fût un tableau. […] Elle n’avait tout son sens pour lui que par cette vue-là. […] Bossuet les a admirablement compris tous deux dans son sens d’orthodoxie et les a célébrés de la plume ou de la parole, comme nul autre que lui ne l’a su faire. […] Lui, au contraire, il présente ce spectacle unique d’un croyant solide, affermi dès l’enfance, inébranlable, imperturbable, embrassant la diversité des points de vue, la masse des arguments, mais ne s’étendant en tous sens et ne prolongeant ses vues que pour tout réduire et ramener à l’unité première dont il ne se départit jamais. […] Ils sont rudes et un peu durs dans le dernier sens.
Ils veulent tous absolument que Dante soit la partie animale, ou les sens ; Virgile, la philosophie morale, ou la simple raison ; et Béatrix, la lumière révélée, ou la théologie. […] Un idiome étranger, proposant toujours des tours de force à un habile traducteur, le tâte pour ainsi dire en tous les sens : bientôt il sait tout ce que peut ou ne peut pas sa langue ; il épuise ses ressources, mais il augmente ses forces, surtout lorsqu’il traduit les ouvrages d’imagination, qui secouent les entraves de la construction grammaticale, et donnent des ailes au langage. […] L’âme était une portion de l’esprit qui anime l’univers, une subtile quintessence, un rayon très-épuré : mais c’était toujours de la matière ; et quoiqu’elle ne tombât point sous les sens, on ne la croyait pas pur esprit : tout alors avait une forme et occupait un lieu quelconque. […] C’est de toutes ces idées qu’est dérivée une expression, admirable pour l’énergie, et qui n’aurait pas de sens si on rejetait ce que nous avons dit. […] Il suppose que les ombres ont les sens plus exquis que nous ; et, au vingt-quatrième chant de l’Enfer, il dit que des yeux vivants ne peuvent pénétrer dans les profondeurs de l’abîme, comme les yeux d’un mort.