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1056. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Maintenon, toute bonne paroissienne qu’elle la croyait, sentait bien pourtant que cette nièce charmante n’était pas devenue une recluse, et qu’elle recevait des amis de toute espèce : « Vous savez bien vous passer des plaisirs, lui disait-elle, mais les plaisirs ne peuvent se passer de vous. » Telle était Mme de Caylus autant qu’on la peut ressaisir d’après quelques pages où ne se trouve encore que la moindre partie d’elle-même : mais, avec l’aide des témoignages contemporains, nous sommes sûrs du moins de ne lui avoir rien prêté en cherchant à la définir. […] [NdA] Mme des Ursins, dans ses lettres à Mme de Maintenon, n’avait cessé de faire valoir son amie, depuis sa rentrée en grâce auprès de sa tante ; elle varie ses louanges sur tous les tons : « Elle n’a rien de fardé, et est d’ailleurs aussi aimable par l’esprit que par la figure… Vous trouveriez en elle des ressources infinies, personne n’ayant plus d’esprit, et n’étant plus amusante sans aucune malice. » Mme de Maintenon, à la fin, s’avoue presque vaincue : « Il est vrai que je m’accommode mieux de Mme de Caylus qu’autrefois, parce qu’elle me paraît revenue de l’entêtement qu’elle avait pour le jansénisme, étant difficile de se trouver agréablement avec ceux qui pensent différemment que nous : son visage est toujours aussi gracieux, mais elle a une taille qui la défigure fort ; du reste, je ne vois point de femme ici si raisonnable qu’elle. » (Lettre à Mme des Ursins, du 26 août 1714.)

1057. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Quant aux grands intérêts du monde alors en conflit, ils ne se trouvent nulle part représentés. […] Partie des salons de la haute aristocratie sous la Restauration, de ces salons exclusifs où elle gardera toujours un pied et où elle aura ses entrées franches, Mme de Girardin se trouve, à un moment, jetée dans le monde tout artiste, tout littéraire et, à sa manière, artificiel aussi, du journalisme.

1058. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Didot son Épître sur l’imprimerie, qu’on peut lire dans ses Poésies, et dans laquelle se trouvent quelques jolis vers descriptifs : Au lieu de fatiguer la plume vigilante, De consumer sans cesse une activité lente À reproduire en vain ces écrits fugitifs, Abattus dans leur vol par les ans destructifs ; Pour donner une forme, un essor aux pensées, Des signes voyageurs, sous des mains exercées, Vont saisir en courant leur place dans un mot ; Sur ce métal uni l’encre passe, et bientôt, Sortant multiplié de la presse rapide, Le discours parle aux yeux sur une feuille humide. […] Sous cette impression intérieure, sous le rayon de cette ferveur retrouvée, le poète, agenouillé devant le tombeau de Racine (qui se trouve dans cette église), fait un vœu.

1059. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Jeune, actif, d’un jugement net et fin, en relation de famille avec ce qu’il y avait de plus noble dans les Pays-Bas autrichiens et à la cour de Vienne, il se trouva du premier jour très bien introduit à celle de Versailles, des mieux placés pour observer et s’y plaire ; il fut particulièrement de la société de la Dauphine, bientôt reine, Marie-Antoinette. […] En un mot, il n’avait ni les formes ni le langage de la société dans laquelle il se trouvait ; et quoique, par sa naissance, il allât de pair avec ceux qui le recevaient, on voyait néanmoins tout de suite à ses manières qu’il manquait de l’aisance que donne l’habitude du grand monde.

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