Il ne lui reste plus qu’à montrer comment l’homme, soumis à une loi si sainte et si douce, la viole cependant, et à expliquer d’où vient en lui cette lutte, où il est si souvent vaincu, et cette révolte qui le perd.
Je ne savais pas, j’étais inexpérimenté ; l’illusion, ce mirage des belles âmes, me possédait ; maintenant le temps a fait son œuvre, et il ne me reste de ces saintes erreurs que celle qu’il faut nourrir toujours, bien qu’elle m’ait souvent trompé : l’amour du mieux pour l’humanité. » III M. de Las-Cases à Sainte-Hélène, auprès de Napoléon, le capitaine Medwin, auprès de lord Byron en Italie et en Angleterre, furent chacun un de ces échos providentiels que le hasard ou la volonté place à côté de ces grands hommes pour répercuter à l’avenir leurs confidences fausses ou vraies, intéressées ou désintéressées, selon qu’ils voulaient parler à leur chevet ou parler, comme on dit, par la fenêtre.
Sous la porte d’Allemagne, j’aperçus le soldat de garde, dans son grand manteau gris, reculé comme un saint au fond de sa niche ; il serrait le fusil avec sa manche, pour n’avoir pas les doigts gelés contre le fer, deux glaçons pendaient à ses moustaches.
En rejetant les dogmes, la révélation, tout l’irrationnel embarrassant et insoutenable des livres saints et des églises, il garde tout le positif, tout le consolant, toute l’essence religieuse du christianisme ; pour lui, pour son âme protestante, le mot de religion naturelle n’est pas le déguisement d’une froide philosophie.