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925. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il se met à enseigner l’histoire romaine et du premier coup il conçoit une œuvre d’une rare originalité qu’il perfectionna dans un voyage à Rome au printemps de 1830 et dont la première partie, la République, parut en 1831. […] L’Histoire romaine fut le premier fruit de cette période heureuse de jeunesse et d’enthousiasme. […] Dès son Histoire romaine, il ne ressemble à personne. […] C’est à l’École normale que son enseignement fut le plus fécond ; ses ouvrages de cette période, l’Histoire romaine, les six premiers volumes de l’Histoire de France, sont les plus solides au point de vue de la science, les plus achevés au point de vue de la composition et du style, les plus riches en fortes pensées. […] Au moment où s’arrête le Journal des idées, il va commencer son Histoire romaine.

926. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Autant valait rechercher, dans les catacombes romaines, les divers ossements qui avaient appartenu au même cadavre ; poussières confondues en mille poussières. […] Ces caractères méritaient sans doute d’être traités suivant les mœurs des Grecs et des Romains. […] À la fin donc, le jeune roi, curieux de tout savoir, amoureux comme il l’était, sûr d’être le maître, et qui ne savait guère qu’un jour il appartiendrait, corps et âme, à cette rude chrétienne apostolique et romaine, qui s’appelait, en ce temps-là, madame Scarron, permit à Molière de représenter Tartuffe, au beau milieu de Paris, puis il partit, le lendemain, pour assister à ces sièges de la Flandre à demi conquise qui se faisaient aux sons du violon, au bruit du canon. […] S’il y a des pères de l’Église qui condamnent la comédie, il y en a d’autres qui l’approuvent ; — les philosophes de l’antiquité, Aristote lui-même, ont été ses apôtres ; que si la Rome des empereurs, la Rome débauchée a proscrit la comédie, en revanche elle a été en grand honneur dans la Rome disciplinée, sous la sagesse des consuls et dans le temps de la vigueur de la vertu romaine. — En même temps, il combat pour l’emploi des passions au théâtre, et il ne voit pas quel grand crime ce peut être que de s’attendrir à la vue d’une passion honnête. […] Jamais les empereurs romains, dans toute leur féroce puissance » n’ont assisté à une pareille hécatombe.

927. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Delille est élégant, facile, spirituel aux endroits difficiles, correct en général, et d’une grâce flatteuse à l’oreille ; mais la belle peinture de Virgile, les grands traits fréquents, cette majesté de la nature romaine : … Magna parens frugum, Saturnia tellus, Magna virum ; les vieux Sabins, les Umbriens laboureurs menant les bœufs du Clitumne ; cette antiquité sacrée du sujet (res antiquae laudis et artis)  ; cette nouveauté et cette invention perpétuelle de l’expression, ce mouvement libre, varié, d’une pensée toujours vive et toujours présente, ont disparu, et ne sont pas même soupçonnés chez le traducteur. […] Il a été, par sa traduction, une espèce d’Anacharsis parisien de la campagne et de la poésie romaine.

928. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Cet enfant, me dit-il, est né à Maillane, village situé à trois lieues d’Avignon, entre le lit de la Durance, ce torrent de Provence, et la chaîne de montagnes qu’on appelle les Alpines ; la grande route romaine qui menait à Arles courait au pied des Alpines et traversait Maillane. Cette vallée est d’un aspect à la fois grec et romain ; c’est un cirque comme celui d’Arles, dont les monticules dégradés des Alpines sont les gradins.

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