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507. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Il ne vit aucun sujet d’instruction dans l’embrasement de la ville de Troie, causé par l’amour funeste de Pâris pour Hélène ; dans Ithaque délivrée par le retour d’Ulysse, c’est-à-dire, par un héros au-dessus de la fortune & des plus cruels revers, par un héros bon roi, bon père, bon époux ; dans l’exemple d’un prince qui fait céder la passion la plus violente à la voix des dieux & à l’ordre qu’il reçoit de fonder en Ausonie une nouvelle patrie ; dans un patriote comme Pompée, qui ne respire que la liberté Romaine & l’amour des loix. […] Le premier, en France, qui osa entrer en lice, disputer ouvertement aux anciens leur gloire & leur mérite, prétendre que les Grecs & les Romains devoient nous céder à tous égards, est l’abbé Boisrobert, si célèbre par sa faveur auprès du cardinal de Richelieu, dont il faisoit l’amusement & dont il avoit la protection & l’estime, malgré le mépris avec lequel le public recevoit ses ouvrages. […] Le plus bel éloge que les Romains crussent faire de Virgile, étoit de le comparer à Homère : ils ne donnèrent jamais, d’une voix unanime, la prééminence à leur compatriote. […] Quelques sçavans, qui se donnent pour connoisseurs, prétendent que l’Énéide n’est point finie : Ils la comparent à ces chefs-d’œuvre de l’antiquité, à ces monumens superbes de la grandeur & de l’élévation du génie des Romains, mais qui ne sont arrivés jusqu’à nous que mutilés.

508. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Nous avons vu cela en Grèce, en Égypte et en Perse, quand les Romains, ces brigands de l’univers, y sont venus balayer des trônes et des républiques vermoulues, et emporter des dépouilles dans la caverne agrandie de Romulus. […] Le Phidias vénitien y a représenté l’Italie romaine, c’est-à-dire virile et sévère, pleurant, une couronne effeuillée à la main, sur le médaillon de son poète. […] C’était à mes yeux l’homme du siècle, l’homme de la passion, l’homme de la liberté, le dernier des Romains, une espèce de Brutus poétique, écrivant à la pointe du poignard des sonnets à sa Béatrix, des pages de Tacite, des imprécations de Machiavel contre les tyrannies. […] Chacune de ces contrées paraissait avoir son représentant dans un des interlocuteurs qui plaidait la cause de sa capitale devant la reine détrônée d’un pays que les Romains appelaient, il y a peu de siècles, barbare.

509. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Il y a derrière Caesar, un beau jeune chevalier romain assis ; il a les yeux attachés sur la tête. […] Lucrèce s’adresse à Vénus et la prie d’assoupir entre ses bras le dieu des batailles et de rendre la paix aux romains, le loisir à Memmius ; et voici ses vers, (…). […] Parle, ô déesse, et que les romains te doivent la paix et le repos. […] Mère des romains, charme des hommes et des dieux ; de la région des cieux où les astres roulent au-dessus de ta tête, tu vois sous tes piés les mers qui portent les navires, les terres qui donnent les moissons, et tu répands la fécondité sur elles.

510. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Le caractère indélébile de l’Église romaine n’est pas que dans ses sacrements. […] Depuis, en effet, que l’Église romaine a posé dans le monde le principe de l’autorité sur les débris de l’oppression et de l’usurpation antiques, il n’y a pas eu et il ne pouvait pas y avoir un fait d’ordre intellectuel plus considérable dans les annales de l’Esprit humain que la négation et le renversement de ce principe qui avait régné quinze cents ans. […] Seulement, pour agir avec fruit sur l’opinion de la Grande-Bretagne, il fallait à la hideuse chronique de Henri VIII, de ce César de la décadence romaine, tombé, on ne sait comment, dans les temps modernes, ajouter cette discussion de doctrines dont l’Angleterre a plus besoin que tous les autres pays protestants, en raison du peu d’épaisseur de ce qui la sépare de la vérité. […] La République romaine, cet immense modèle, ne voulait entendre à rien avec ses ennemis avant qu’ils eussent mis bas les armes.

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