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1038. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Nous combattrons avec toutes les armes de la raison les artistes de la parole qui se fourvoient et qui se trompent ; avec toutes les flèches du ridicule ces bateleurs de la fantaisie qui passent leur temps à peigner des phrases soyeuses, à retaper des paradoxes centenaires et à faire miroiter au soleil les verroteries de leur style. […] S’il arrive à la comédie antique d’introduire des personnalités sur la scène, elle ira les prendre, non pas sous le toit domestique ni parmi la foule, mais dans le petit nombre des hommes extraordinaires que des ridicules excessifs ou des qualités surhumaines désignent à l’admiration ou au rire universels. […] Il commit surtout l’erreur impardonnable de faire du grotesque et du lyrisme les deux éléments principaux du drame, de sorte que la majorité de ses créations se trouva être ridicule, et que ses personnages, à force de chanter, oubliaient, d’agir. […] Hippolyte Castille va, vient, se démène, enfle sa voix, vocifère et fulmine contre la société et le train du monde, des anathèmes ridicules, qui traînent depuis vingt-cinq ans à tous les coins de rue littéraires. — Pour donner à ces banalités prétentieuses une apparence de nouveauté, il les saupoudre de vocables rébarbatifs et de termes ambitieux empruntés au jargon philosophique. […] N’est-ce pas une mystification ridicule, pour l’honnête bourgeois qui assiste à la représentation d’une comédie, d’entendre traiter à chaque scène de « merveille divine » et de « beauté sans seconde » l’héroïne de la pièce, quand il n’a devant lui qu’une actrice fort ordinaire, d’une figure commune, et de tout point pareille à sa femme ou à sa fille — deux affreuses créatures qu’on dirait sorties de l’atelier de M.

1039. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Si l’habit d’archevêque jetait un léger ridicule sur ce dévouement chevaleresque, nul habit n’eût justifié une autre conduite envers une femme de mœurs d’ailleurs irréprochables. […] Si la charité eût alors parlé au cœur de Bossuet, il eût regretté d’avoir réduit son adversaire à avouer un commerce qui ne pouvait être que coupable ou ridicule. A la vérité, la vertu de Fénelon n’avait pas permis qu’il fût coupable ; mais la supériorité de son esprit ne put faire qu’il ne parût ridicule. […] Ce fut peut-être le fruit le plus réel de sa victoire ; car je doute que le quiétisme de Molinos se fût établi en France, et qu’à défaut même des bulles du pape, il n’eût pas suffi du ridicule pour détruire une secte de cyniques de dévotion.

1040. (1881) Le roman expérimental

Eux-mêmes semblent éprouver le besoin d’une récréation de mensonge, après leurs travaux exacts, et se plaisent aux hypothèses les plus risquées, aux fictions qu’ils savent parfaitement fausses et ridicules. […] Il est ridicule de m’en prêter une autre, de me planter sur un rocher, pontifiant et prophétisant, me posant en chef d’école, tutoyant le bon Dieu. […] C’est à ce point de vue qu’il faudrait écrire une histoire littéraire universelle, et non au point de vue d’un idéal absolu, d’une commune mesure esthétique parfaitement ridicule. […] On a brisé des règles pour en inventer d’autres, plus fausses et plus ridicules. […] Continuera-t-on à voir, dans mes opinions de critique, je ne sais quel gonflement ridicule de vanité, quel besoin d’odieuses représailles ?

1041. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Nous aurons comme les Anglais notre école satanique. » Toutefois, et tout à coup, il s’était guéri de sa folie, avait jeté au feu ses anciennes idoles et désavoué « le recueil d’extravagances rimées et de pensées ridicules publié sous son nom », pour en revenir aux chefs-d’œuvre de nos vieux classiques, et à l’exercice sérieux de sa profession. […] Jay ne s’est attaqué qu’aux ridicules de Joseph Delorme ; combien plus justement encore il aurait pu s’élever, au nom de la morale, contre l’affaissement de son caractère, contre son indifférence et son inertie, et contre les causes de cet état ! […] Gautier, un romantique qui n’a pas laissé de se rendre compte des ridicules de son parti, « il était de mode d’être pâle, livide, verdâtre, un peu cadavéreux, s’il était possible. […] C’est entre tous ces jeunes gens une rivalité puérile, une lutte ridicule d’excès et de folies froidement calculées. […] Longtemps on a ignoré que Gavarni eût un autre talent que celui de crayonner les passions, les ridicules ou les vices de son temps.

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