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15. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

— Volontiers, messieurs, répondit gracieusement Hyeronimo en reprenant ses sandales ferrées et en jetant à terre sa zampogne, mais je n’ai pas besoin de baïoques pour rendre service ; nous sommes assez riches à la cabane, avec nos châtaigniers et notre maïs, pour donner aux pauvres pèlerins sans rien demander aux riches comme vous. […] Jusqu’ici j’ai méprisé le mariage, je suis arrivé à quarante ans sans que mon cœur ait battu plus vite d’une pulsation à la vue d’une femme, veuve ou fille, contadine de village ou dame de la ville ; mais l’âge vient, je suis libre, je suis riche. […] Qui sait même si tout ne pourra pas s’arranger entre lui et vous, de bonne amitié ; l’homme est puissant et riche, et si vous y mettez de la complaisance, il n’y mettra peut-être pas de rigueur. […] Il est garçon, il est riche, il voudra se marier un jour ; vous avez une belle enfant qui pourra lui plaire. […] Elle en cueillait çà et là une graine en passant sous les feuilles ; nous nous promettions une riche vendange pour la fin de l’automne, des raisin à sécher sur la paille et une petite jarre de vin sucré pour les fêtes de Noël et du jour de l’an dans le cellier.

16. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Le corps auquel il appartenait guerroya, puis séjourna dans les Flandres et dans le Brabant ; le jeune soldat en sut profiter pour visiter les riches galeries de peinture dont la Belgique est remplie, et sa vocation allait se diriger tout entière de ce côté. […] Il remarque tout dès le seuil, comme en entrant dans un temple, — l’intérieur du vestibule qui, sans être riche, a beaucoup de noblesse et de simplicité, quelques plâtres de statues antiques placées sur l’escalier, et qui annoncent le goût prononcé du maître du logis pour l’art plastique et pour l’antiquité grecque. […] Il lui donne quelques conseils sur les projets de voyage qu’Eckermann formait à ce moment, et lui recommande ce qui lui reste à voir de curiosités à Weimar : « Je ne pouvais me rassasier de regarder les traits puissants de ce visage bruni, riche en replis dont chacun avait son expression, et dans tous se lisait la loyauté, la solidité, avec tant de calme et de grandeur ! […] Le monde est si grand et si riche, la vie si variée, que jamais les sujets pour des poésies ne manqueront. […] Mais je n’ai pu qu’effleurer aujourd’hui cette mine si riche de pensées et de jugements.

17. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Il faut que Lazare quitte son fumier, afin que le pauvre ne se réjouisse plus de la mort du riche. […] Le père Maurice, en entamant ce propos, avait déjà quelqu’un en vue : c’est une veuve, assez riche, qui demeure à quelques lieues de là, et qu’on dit être un bon parti. […] Quoi qu’elle fasse, même dans les touches gracieuses, on sent une nature riche et drue, comme on dirait en ce vieux langage. […] Tout se répare : la petite Fadette, devenue une belle, sage et riche personne, épouse Landry et guérit presque le souffreteux Sylvinet par ses secrets de magnétisme naturel. […] Loin de moi l’idée de prétendre circonscrire désormais dans le cercle pastoral un talent si riche, si divers et si impétueux !

18. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Pour les villes et pour les palais des riches, je ne dis pas non : ils sont trop haut pour sentir ces misères, ils n’y croient pas. […] On dirait, à entendre ces déclamations souverainement ignorantes sur l’impôt, que l’impôt est la dîme des pauvres au profit des riches : c’est le contraire qui est vrai, l’impôt est la dîme que le riche paye au pauvre pour égaliser, autant que possible, sans dépossession violente, le riche et le pauvre. […] Je ne veux pas dire qu’il ne fût pas plus sain de faire payer tant par toise du toit, ou tant par pouce carré de l’espace occupé par la maison du riche ; mais enfin c’est un impôt du riche payé exclusivement par le propriétaire : en cela c’est un impôt populaire payé au bénéfice du prolétaire, qui ne possède que sa place quand il l’a louée. […] Blasphémer contre l’impôt superflu des riches qui en gémissent, mais qui le payent, c’est tout simplement blasphémer contre le pauvre qui en vit ! […] Rousseau ont contribué à produire les meurtres juridiques de 1793 ; les idées fausses de l’évêque produiraient la disette, la suppression du travail, l’extinction des salaires, la colère contre les riches et la mort des peuples.

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