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1375. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

C’étoit un poëte qu’elle expliquoit, car elle n’aimoit pas la prose, et elle n’a pas lu Cicéron ; mais comme elle se plaisoit fort à la poésie, elle lisoit particulièrement Virgile et Horace ; et comme elle avoit l’esprit poétique et qu’elle savoit tout ce qui convenoit à cet art, elle pénétroit sans peine le sens de ces auteurs. » Un peu plus loin, il revient sur les mérites de M. […] Sa vie, durant vingt ans, se convertit en une petite fièvre plus ou moins lente, et les bulletins reviennent toujours à ceci : « Mme de La Fayette s’en va demain à une petite maison auprès de Meudon où elle a déjà été. […] Je n’y distingue que deux locutions qui ont vieilli : « Le roi ne survécut guère le prince son fils ; » et : « Milord Courtenay étoit aussi aimé de la reine Marie, qui l’auroit épousé du consentement de toute l’Angleterre, sans qu’elle connût que la jeunesse et la beauté de sa sœur Élisabeth le touchoient davantage que l’espérance de régner ; » pour, si ce n’est qu’elle connût, etc. ; cette dernière locution revient plusieurs fois. […] Un critique que nous aimons à citer a dit : « Il est très-remarquable de voir combien, sous Louis XIV, la langue française dans toute sa pureté, et telle que l’écrivaient Mmes de La Fayette, de Sévigné, M. de La Rochefoucauld, se composait d’un petit nombre de mots qui revenaient sans cesse avec une sorte de charme dans le discours ; et quelle était la généralité des expressions qu’en employait… On peut dire particulièrement du style de Mme de La Fayette qu’il est la pureté et la transparence même ; c’est le liquida vox d’Horace. » 119.

1376. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

II Le temps fuit en emportant tout dans sa course, mais un petit volume l’arrête et le fait revenir sur ses pas. […] Je connaissais par ses récits tous les détails de l’intérieur de Clichy, cette Paphos de cette divinité, ce sanctuaire où toute l’Europe élégante en 1800 allait s’enivrer de la vue de Juliette ; son visage, ses expressions, ses formes, son costume, ses poses, ses langueurs, ses évanouissements pittoresques à une certaine heure de la soirée, où elle défaillait entre les bras de ses femmes, où on l’emportait toute vêtue sur son lit antique, où elle revenait à elle au parfum des eaux de senteur ruisselant sur ses blonds cheveux dénoués, et où les convives de la soirée défilaient ravis devant tant de charmes, attendris par tant de défaillances, mignardises de l’adolescence, de l’amour et de la mort. […] Le lendemain, baignée de larmes, je venais de franchir la porte que je me souvenais à peine d’avoir vue s’ouvrir pour me laisser entrer ; je me trouvai dans une voiture avec ma tante, et nous partîmes pour Paris. — Je quitte à regret une époque si calme et si pure pour entrer dans celle des agitations ; elle me revient quelquefois comme dans un vague et doux rêve, avec ses nuages d’encens, ses cérémonies infinies, ses processions dans les jardins, ses chants et ses fleurs. […] Ce ministre, qui avait fait partie de la coalition, et qui maintenant, revenu de Londres, cherchait à pallier les funestes conséquences de cette ligue, m’offrit, de la part du roi, l’ambassade de Vienne ou l’ambassade de Londres, à mon choix, avec un traitement que je fixerais moi-même, pour ajouter aux honneurs la fortune illimitée que je pouvais désirer.

1377. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

« Ma mère et notre tuteur le firent revenir à Rome pour le soigner. […] Un dimanche, — c’était le 1er mars, — comme il revenait avec sa femme de Saint-Michel à Ripa, quatre soldats, échauffés par le vin et par la luxure, se mirent à les suivre. […] J’éprouvais un goût très prononcé pour les voyages, goût que je n’avais pu satisfaire jusqu’alors que par une petite course à Naples et en Toscane, d’où j’étais revenu depuis peu. […] « Revenu à Florence, je ne parlai à personne de cette visite, et, pour éloigner davantage les soupçons, je demandai l’autorisation de me rendre à Sienne pour voir la famille Patrizi, qui arrivait de Rome.

1378. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Cela revient à dire que l’individu n’a pas le pouvoir de penser par lui-même ; qu’il ne pense que par la société, c’est-à-dire, en définitive, qu’il est d’autant plus lui-même qu’il est plus les autres. […] Ceci revient à dire : plus on ressemble aux autres, plus on s’en distingue. […] Cela revient à dire qu’on ne peut être conforme qu’à la condition de ne pas penser du tout ; que l’on doit s’attacher à une formule. […] Comte semble revenir par là à une conception de la science aussi étroite que celle d’un Socrate.

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