Chenavard est un grand esprit de décadence et il restera comme signe monstrueux du temps. […] Ils ont résisté à la déroute ; ils sont restés, sans broncher un instant, fidèles au compositeur. […] L’avantage restait encore à la vertu, malgré la perversité de la société, que je n’ai pas faite, disait-il. […] Les ressorts qui le font se mouvoir resteront longtemps cachés. […] Ses premières compositions sont restées dans toutes les mémoires.
Ferdinand Brunetière Le professeur obscur de Genève, le poète inconnu de Jour à jour et des Étrangères, est célèbre ; et il le restera, comme il l’est devenu d’abord à cause de la sincérité inexorable de sa confession, et aussi parce qu’il est un exemplaire accompli d’une certaine variété d’âmes modernes… Comme M.
Que ne restiez-vous où vous étiez ?
Oui, je le déclare, si la nature nous reprenait les années qui se sont écoulées depuis notre naissance, et que chacun, selon les caprices de son orgueil, fût libre de se choisir d’autres parents que ceux qu’il avait, je laisserais le vulgaire s’emparer des noms illustres qui ont brillé au milieu des faisceaux et dans les chaises curules, et moi, dussé-je passer aux yeux de tous pour un insensé, je resterais satisfait des parents que m’avaient accordés la bonté des dieux. » V Le jeune Horace étudiait ainsi à Rome à seize ans, pendant l’écroulement de Rome. […] Ces modiques domaines, augmentés sans doute de quelques milliers de sesterces accumulés par son père et soustraits à la déprédation des triumvirs, étaient loin de suffire à un jeune homme de vingt-quatre ans qui ne voulait pas alors flatter les vainqueurs ; il restait fidèle à la république autant qu’on pouvait l’être en vivant sous la loi des héritiers de César ; il composait des satires mordantes dans lesquelles les vices et les ridicules des vainqueurs ou de leurs amis étaient livrés à la malignité du peuple romain. […] Auguste était un ambitieux du repos ; Mécène, son ami, un voluptueux sans ambition, n’ayant pas même voulu être sénateur pour rester le confident désintéressé d’Auguste ; Horace, un épicurien modéré, heureux de plaire aux maîtres de l’empire, mais fier de mépriser leurs faveurs. […] C’est pendant un des séjours qu’elle faisait fréquemment à Ustica près de lui qu’Horace, ivre de liberté et de solitude, écrivait ces lignes délicieuses, manuel de l’amour des champs resté dans la mémoire de tous les adorateurs de la vie cachée ; il regardait, en écrivant ses vers, sa maison, son jardin, son verger, sa rigole et la vallée de la Licenza assourdie du gazouillement de ses eaux. […] Sa maison d’Ustica dans la Sabine, sa chère fontaine de Blandusie, près de la petite villa napolitaine de Venouse, le lieu de sa naissance, aujourd’hui Palazzo, restèrent éternellement l’objet du même pèlerinage et du même culte de la mémoire.