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1631. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Après le repas je retourne à la taverne : j’y trouve ordinairement l’hôtelier, un boucher, un menuisier et deux chaufourniers ; je m’encanaille avec eux tout le reste du jour au criccrac ou trictrac, jeux pendant lesquels surgissent entre nous mille disputes, mille chocs de paroles injurieuses, et où le plus souvent on conclut pour un quatrino (un sol), et où on ne nous entend pas moins crier de là à San-Casciano. […] XXI Machiavel commence par jeter un coup d’œil magistral sur la décomposition du cadavre de l’Italie romaine sous les flux et les reflux des populations hétérogènes qui descendent des Alpes d’un côté, et qui descendent de l’Afrique de l’autre, pour dépecer, comme les vautours de la guerre, les restes de l’empire des Césars et pour en occuper les territoires. […] Constantinople se souvient que Rome est sa mère ; mais ces expéditions lointaines avortent ; il n’y a bientôt plus rien de romain dans Rome que le pontificat, tantôt humble délégué municipal de l’empereur d’Orient, tantôt joignant une souveraineté morale à une magistrature urbaine, autour duquel se groupent les restes de nationalité romaine. […] Cette constitution n’avait pas le caractère soldatesque et anarchique de la constitution des carbonari ; elle pouvait marcher sans chute par la bonne volonté du roi et par la sagesse de la nation ; mais les restes du carbonarisme voulurent la pousser à des désordres par des excès populaires.

1632. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Au reste, il ne faut pas plus chercher dans Villehardouin la profondeur des pensées que l’art du récit. […] Il ne se préoccupe guère des causes et des suites des événements, et il ne paraît pas se douter que les croisés ne travaillaient qu’à l’accroissement de la puissance maritime de Venise, le seul pays qui profita de cette guerre, et qui garda jusqu’au xviie  siècle quelques restes d’une conquête entreprise au xiie . […] Déjà, cependant, Joinville avait donné l’exemple de raconter des événements auxquels il n’avait pas pris part ; mais il en tirait les détails de personnages dont il avait une si grande pratique, et il en connaissait si à fond le principal, qui était le roi Louis IX, que cette partie de ses récits n’est guère moins personnelle que le reste. […] Hélas quel malheur ce fut pour l’empereur, Henri et pour tous les Latins de la terre de Remanie, de perdre, un tel homme par une telle mésaventure, un des meilleurs chevaliers, des plus vaillants et des plus généreux qui fût en tout le reste du monde !

1633. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Il nous reste à parler des documents qui, se présentant comme des biographies du fondateur du christianisme, doivent naturellement tenir la première place dans une vie de Jésus. […] Il nous reste à parler du quatrième, de celui qui porte le nom de Jean. […] Nos souvenirs se transforment avec tout le reste ; l’idéal d’une personne que nous avons connue change avec nous 49. […] Certains passages de Luc, où il y a comme un écho des traditions johanniques 59, prouvent du reste que ces traditions n’étaient pas pour le reste de la famille chrétienne quelque chose de tout à fait inconnu.

1634. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

* * * Il nous reste à demander pardon au talent, au courage de nos grands acteurs, aux talents de Mme Arnould-Plessy, de Mme Victoria Lafontaine, de Mlle Dinah Félix, de Mme Ramelli, de Mlle Rosa Didier, de M.  […] Maintenant, attaqués à droite et à gauche, attaqués en même temps par le Siècle et par l’Union, par l’Avenir national et par la Gazette de France, sans oublier le Monde ; fusillés par un premier Paris de la France, arrêtés par l’administration, — que nous reste-t-il à faire pour une pièce à laquelle les sympathies de la grande critique, les feuilletons de Jules Janin, de Théophile Gautier, de Nestor Roqueplan, de Paul de Saint-Victor, de Louis Ulbach, de Francisque Sarcey, la presse et le public, des recettes de quatre mille francs, une location de huit jours à l’avance, devaient assurer, semblait-il, le droit de vivre ? Il nous reste à faire un appel à l’opinion, à cette grande majorité de spectateurs qui a applaudi Henriette Maréchal, à tout ce monde d’hommes et de femmes du Paris intelligent et lettré qui ne veut pas que la tyrannie de la politique ou l’exagération de la morale touche à ses plaisirs, à ses goûts, à ses sympathies. Il nous reste à faire un appel à nos ennemis mêmes, à ceux qui aiment la liberté et qui doivent avoir quelques regrets devant leur victoire, devant l’interdiction de notre pièce par mesure administrative.

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