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462. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault, et toute sa vie il eut de ces traits-là ; on n’avait qu’à frapper, et il rendait de ces étincelles. […] Poésie, famille et société, c’était assez pour l’occuper et le rendre heureux. […] Dans la soirée du 16, Arnault sortit du salon de M. de Talleyrand, rue Taitbout, où étaient réunis Regnault, Roederer, n’attendant plus que le mot d’ordre qui ne venait pas ; il se rendit chez Bonaparte. […] Il y ménagea toutes les situations et les existences : c’est une justice que M. de Fontanes lui a rendue depuis. […] Arnault et son exil, on donnait au Théâtre-Français son Germanicus (mars 1817), composé depuis plusieurs années, et dont les circonstances d’alors faisaient une allusion continuelle : les partis s’y donnèrent rendez-vous comme à un combat.

463. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Le romancier se borne d’habitude pour ce grossissement à décrire en détail l’ensemble exagéré, comme si ses sens le lui avaient présenté tel ; Mais parfois son penchant à l’énorme et au complet l’entraînent à user de procédés que leur contradiction avec ses doctrines rend intéressants. […] Ces scènes, ces personnages et d’autres sont situés dans le milieu qui peut les rendre plus significatifs, plus librement développés. […] Zola s’accoutume à rendre plus marqué un acte ou un type en l’accolant à son contraste. […] En cette équitable transposition, qui rend égal un individu à une énergie et un ensemble matériel à un individu, apparaît l’instinct fondamental de M.  […] Choisissant parmi ses semblables et dans les grands phénomèmes naturels ceux qui manifestent quelque emportement, les pétrissant de ses popres mains, servant indistinctement aux hommes et aux choses les impérieuses effluves qui sourdaient en lui, il rend colossales les âmes et les forces.

464. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Nous connaissons tout cela ; eh bien, le Roman de Renart dans ses parties diverses nous rend tour à tour ces divers types : aux bons endroits, il a des touches très fines, gracieuses et légères ; aux mauvais endroits, il en a de grossières ou même d’immondes. […] Le poème de Roland à Roncevaux est un de ceux qui rendent le plus directement l’écho du monde chevaleresque dans notre littérature et notre poésie : les récits en prose de Villehardouin en donnent une haute idée également. […] Tous les animaux s’empressent de s’y rendre ; aucun n’oserait être en retard, aucun, excepté l’accusé Dom Renart qui se tient enfermé dans sa tanière ou forteresse de Malpertuis, attendant que l’orage soit passé. […] Le Lion est roi et suzerain ; il doit mettre la paix entre ses barons ; il doit rendre jugement, et on en passera par là. […] Ici scène dramatique qui rappelle plus au sérieux le moment où l’intimé, dans Les Plaideurs de Racine, produit la famille du chien Citron : ……………………… Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins !

465. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Il n’y avait donc rien en apparence que de très simple : une des sections les plus graves de l’Institut allait rendre un hommage un peu tardif, mais bien mérité, à l’un de ses membres, à un philosophe mort en 1842. […] Mignet avec un peu trop d’appareil peut-être ; car enfin, il était assis à côté de lui, et l’instant d’après, cet éloge qu’il venait de donner est remonté jusqu’à lui-même et lui a été rendu avec usure. […] Les heures de la nuit s’écoulaient et je ne m’en apercevais pas ; je suivais avec anxiété ma pensée, qui de couche en couche descendait vers le fond de ma conscience, et dissipant l’une après l’autre toutes les illusions qui m’en avaient jusque-là dérobé la vue, m’en rendait de moment en moment les détours plus visibles. […] Mais Jouffroy, le vrai Jouffroy et non celui de l’Académie, ne s’en tint pas là : rompant avec son passé et avec ses croyances, il résolut de se reconstituer à son usage une méthode et une science qui pussent lui rendre avec certitude les résultats essentiels qu’il avait dus à la foi chrétienne et qu’il avait perdus. […] Il a donc fallu que M. le secrétaire perpétuel, pour rendre son sujet tout à fait agréable et pour l’accommoder au goût particulier du public dont il recherchait la faveur, dissimulât le côté essentiel qui y aurait jeté une ombre.

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