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301. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Si je le rencontrais, je m’attacherais à lui, je le suivrais partout, comme ces jeunes orateurs que Crassus ou Cicéron traînaient au forum, pendus à leur toge. […] Mais enfourchez la critique, il se rencontrera bien quelque petit recoin pour vous abriter, vous et votre monture.

302. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

Que nous nous rencontrions plus tôt ou plus tard sur la route, l’essentiel est que nous finissions par nous rencontrer.

303. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Celui du capitaine d’Arpentigny, qui s’appelle toujours capitaine et qui a bien raison, a été, par une de ces contradictions qui existent souvent entre nos instincts et notre métaphysique, mis au service d’une philosophie très peu militaire et qu’on regrette de rencontrer sous une plume qui a la beauté mâle d’une arme. […] Le comte d’Espagne était lui-même un petit homme trapu, crépu, râblé, taillé en garçon boucher, très actif, très cruel, très courtois, qui saluait d’un geste fanfaron chaque éclair des canons de la place, qu’on rencontrait partout tranchant du matamore et du capitan, toujours discourant, pérorant et secouant vivement son petit panache. » Et n’allez pas croire que l’historien qui écrit ainsi n’ait que ces deux manières de peindre !

304. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

La première fois que celui qui écrit ces lignes le rencontra, — il y a de cela des années, — il ressemblait encore à ce portrait de son salon où, sous de longs et magnifiques cheveux noirs, éclatait, sombre, ce visage qu’on aurait dit fait de la beauté de quatre races différentes : la juive, la bohémienne, la phocéenne et la mauresque, et où le lion et l’aigle se confondaient, comme dans une chimérique tête de blason. […] C’est pour cela que tant d’auteurs vieillissent et rencontrent la caducité littéraire bien avant l’autre caducité.

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