Sophie était fille d’un seigneur champenois ; Juliette n’était qu’une bergère obscure que Clotilde avait rencontrée dans les montagnes voisines de sa terre de Vessau, et dont elle cultiva les dispositions heureuses. […] Exprez veist on saillir un Calabrois jeune homme : N’en paindray les beaultés : non, tel ne se monstra Gaston le Béarnois, que Phœbus on surnomme, Bel Adon, quand Vénus aux champs le rencontra, Ny Pâris, apposant d’icelle aux pieds la pomme : N’avoit, comme consorts, l’œil joyeulx ne serain ; Triste, sembloit luctant contre angoisse profonde, Tant qu’eust fors attendry cœur de rosche ou d’arhain.
Par malheur, la conversation vint à tomber sur la comédie, et le faux bailli s’échauffa sur l’éloge de Molière : il allait se trahir, si Racine ne l’eût emmené, juste à point pour n’être pas reconnu par Cotin, qu’ils rencontrèrent sur l’escalier. […] On voit en même temps par ces anecdotes que Despréaux avait souvent maille à partir avec les jésuites, et j’imagine qu’à les rencontrer souvent chez Lamoignon, il devint janséniste par contradiction.
L’imitation utile féconde, on ne peut trop louer Du Bellay de l’avoir définie : c’est, dans la peinture de la vie humaine et dans l’expression des vérités générales, de se rencontrer avec les anciens qui y ont excellé. […] Les paroles de Du Bellay sont du plus grand prix : « Si deux peintres, dit-il, s’efforcent de représenter au naturel quelque vifpourtrait, il est impossible qu’ils ne se rencontrent pas en mesmes traits et linéaments, ayantmesmeexemplairedevantlesyeux. » Rien de plus élevé et de plus juste, mais il y faut une condition : c’est que les deux peintres soient supérieurs.
Cependant une imagination lancée à l’aventure peut rencontrer sur sa route quelque idée féconde. […] Pour redescendre sur la terre, les êtres que nous y rencontrons, animaux, plantes, rochers même, ne sont pas non plus pour nous ce qu’ils étaient pour nos ancêtres.