Dès lors on l’accusa d’attenter à la religion, à la sainte orthodoxie moscovite. […] Et la Religion ? […] Thiers a fini par la religion, et que M. […] — À l’époque dont je vous parle, tout le monde était en train d’inventer quelque chose, drame ou roman, chronique ou dialogue, élégie ou ode, tableau ou statue, religion ou orthographe. […] C’est alors que nous vîmes jouer ces pièces incroyables où n’étaient respectées ni la religion, ni la royauté, ni la grammaire, ni la morale, ni le bon goût, ni le bon sens ; œuvres monstrueuses que M.
Ainsi considérée, une religion est quelque chose de très utile, c’est une boutique inépuisable d’espérances. […] Comme l’a dit un philosophe américain, la religion est avant tout une méthode que les hommes suivent pour atteindre ce qui est raisonnablement hors de leur portée. […] Les religions anciennes, qui n’étaient qu’une méthode pour éviter le plus grand malheur, à savoir la colère des dieux, n’avaient pas cette astuce et elles furent vaincues. […] Il est convenu que les lettrés, c’est-à-dire les gens distingués, les mandarins, pratiquent une sorte de religion civile ou philosophique, qui est la vénération de Confucius. […] Toutes les religions, toutes les superstitions se ressemblent.
C’est une manière de lire Tartuffe que d’y chercher ce que Molière a pensé de la religion, mais évidemment ce n’est pas la seule, ni surtout la plus littéraire. […] Elle imposait aux étrangers, par l’autorité antique de la religion et toutes les pompes de l’opulence et des arts. » On ne saurait mieux dire ni plus juste. […] Cependant, et tandis qu’il étalait ainsi publiquement, cyniquement, sa religion de la nature, un autre sentiment, qui lui manque, naissait et se développait chez quelques-uns de ses contemporains : c’est ce sentiment de l’Art, que nous avons vu faire cruellement défaut au Moyen Âge, et dont la réapparition dans le monde est si caractéristique de l’esprit de la Renaissance. […] Catholiques ou protestants, c’est un point dont on ne tardera pas à tomber d’accord, et là est le bénéfice net, si l’on ose ainsi parler, du mouvement de la Réforme et des guerres de religion. […] Et, en attendant que ce mouvement se termine par un retour à la religion, on essaie de fonder en raison, de séculariser ou de laïciser les enseignements que la religion donnait naguère au nom de sa seule autorité.
On y trouve encore l’Essai sur le mérite et la vertu qui n’est qu’une traduction de l’anglais, la dissertation intitulée la Suffisance de la religion naturelle, et les Lettres sur les aveugles et sur les sourds-muets. […] Croirait-on que, dans ces Pensées, Diderot s’amuse à jeter l’oignon des Égyptiens à la tête de la religion chrétienne, comme un voyou jette une pomme cuite à la tête d’un saltimbanque ? […] Nous n’avons pas à nous occuper de l’épais et médiocre Essai sur le mérite et la vertu, qui est de Shaftesbury et non de Diderot, ni de cette Suffisance de la Religion naturelle, qui ne lui a pas suffi, à lui, Diderot, quoiqu’il la proclamât suffisante. […] Il s’agit enfin de tous les soi-disant spiritualistes de notre âge, qui ont fait une pelure à leurs pauvres idées avec ce spiritualisme qui double si magnifiquement la religion chrétienne, comme l’hermine double un manteau royal ! […] En supposant que Diderot fût de bonne foi en écrivant ces incroyables sottises, ce dont je doute, connaissez-vous rien de plus abjectement imbécile que cette religion de saltimbanques qu’il voulait établir à la place des plus nobles institutions qui aient existé chez tous les peuples ?