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10. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Or le retour à la religion ne saurait être que le retour à la grande unité de la vie, à la religion de l’esprit, sans exclusion, sans limites. […] La religion, c’est savoir et aimer la vérité des choses. […] Or la beauté dans l’ordre moral, c’est la religion. […] Il faut une religion autour du lit de mort ; laquelle ? […] Les religions sont pétrifiées et les mœurs se modifient sans cesse.

11. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

L’événement capital de l’histoire du monde est la révolution par laquelle les plus nobles portions de l’humanité ont passé des anciennes religions, comprises sous le nom vague de paganisme, à une religion fondée sur l’unité divine, la trinité, l’incarnation du Fils de Dieu. […] La religion nouvelle avait mis elle-même au moins trois cents ans à se former. […] Chez quelques-unes, le sentiment religieux aboutit aux honteuses scènes de boucherie qui forment le caractère de l’ancienne religion du Mexique. […] Ce n’était ni de la religion, ni de la morale réfléchies ; c’était de la mélancolie, de la tendresse, de l’imagination ; c’était par-dessus tout du sérieux, c’est-à-dire la condition essentielle de la morale et de la religion. […] Mais il croyait aussi que la religion du vrai Dieu n’était faite que pour lui seul.

12. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais il n’y a jamais eu de société sans religion. […] A l’origine, la coutume est toute la morale ; et comme la religion interdit de s’en écarter, la morale est coextensive à la religion. […] On a dit que la religion avait commencé par la magie. […] Était-ce encore de la religion ? […] C’est ce qui arrive pour la religion.

13. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

Le mosaïsme en effet a été la religion qui s’est socialement réalisée jusqu’ici avec le plus d’unité ; c’est même la seule, à vrai dire, qui ait réalisé cette unité ; sinon sur une grande étendue, du moins dans une profondeur et avec une intensité inouïes. […] Le mosaïsme, moins développé en dogme que la religion chrétienne ; s’en tenant, avant tout, à l’unité de Dieu, qu’il importait de conserver entière et pure au sien du polythéisme ; renonçant à lier et à associer l’humanité encore rebelle et trop peu assimilable ; le mosaïsme, même avec ses restrictions, ses ignorances et ses grossièretés, cimentait plus fortement qu’aucune autre religion n’eût fait, et coordonnait en société complète, dans sa contrée étroite et montagneuse, son petit peuple choisi. […] Bref, la religion de Moïse, en sa sphère plus restreinte, religion conservatrice et non expansive, a sur celle du Christ l’avantage d’être une, et d’avoir produit une loi, une institution politique qui comprenait le fidèle tout entier, et l’enveloppait dans toutes les directions. […] Il ne fut plus la religion et la société d’une nation, comme le mosaïsme ; il ne fut pas encore la société des nations qui doit sortir seulement de la révélation nouvelle ; il fut la société des individus. […] Lettres sur la religion et la politique, 1829 ; suivies de l’Éducation du genre humain ; traduit de l’allemand de Lessing.

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