Si l’on abandonne les actions des hommes à cette règle, le vicaire de st Roch, qui croit son culte très-essentiel au maintien de la société, tuera le philosophe, s’il n’est prévenu par celui-ci, qui regarde toute institution religieuse comme contraire au bonheur de l’homme. […] C’est que la loi civile et la loi religieuse sont en contradiction avec la loi de nature. […] C’est que, toutes trois enfreintes et observées alternativement, elles perdent toute sanction : on n’y est ni religieux, ni citoyen, ni homme ; on n’y est que ce qui convient à l’intérêt du moment. […] Il s’introduit par la raison une exactitude, une précision, une méthode, pardonnez-moi le mot, une sorte de pédanterie qui tue tout : tous les préjugés civils et religieux se dissipent, et il est incroyable combien l’incrédulité ôte de ressources à la poésie ; les mœurs se policent, les usages barbares, poétiques et pittoresques cessent, et il est incroyable le mal que cette monotone politesse fait à la poésie.
Raynouard, un peu diffus, un peu académique, n’ayant pas encore la simplicité et le nerf du langage des affaires, que la pratique pouvait seule donner à l’éloquence française, fut écouté avec une religieuse attention.
Quand une personne de principes et de croyance religieuse me parle contre un certain genre littéraire au nom de sa conscience, je m’incline et ne discute pas ; c’est de sa part un motif supérieur qui interdit un danger, un écueil ; il n’y a pas de comparaison à faire entre les avantages gracieux qu’on pourrait réclamer, et les inconvénients funestes qu’elle y croit voir.
Voyez comment Voltaire, en traitant des questions politiques, sociales, religieuses, enlève vivement, avec un vigoureux relief, les silhouettes de ces Européens, Chinois, Turcs et sauvages, gentilshommes, paysans, moines et bramines, à la bouche desquels il confie les vérités et les sottises.