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1354. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Non seulement je n’en ai fait aucun, mais je les réprouve tous, et je regarde comme une injure cruelle l’artifice des auteurs qui mettent sous mon nom ces scandaleux écrits. […] Il s’était trouvé présent à Ferney le jour que M. de Voltaire reçut les Lettres de la montagne, et qu’il y lut l’apostrophe qui le regarde ; et voilà son regard qui s’enflamme, ses yeux qui étincellent de fureur, tout son corps qui frémit, et lui qui s’écrie avec une voix terrible : « Ah !

1355. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Mais Lamartine n’a pas bien regardé ; il n’aura vu que le gant qui était gros : Béranger avait là-dessous la main petite, délicate, plus fine que celle de Lamartine. […] ils se trémoussent tant et plus pour avoir de la réputation : leur arrive-t-elle, ils la regardent souvent comme un fardeau ; qu’ils lui survivent, ils la regretteront. » Et revenant avec Mme Cauchois-Lemaire sur cette préoccupation de la renommée et du bruit : « Vanité que tout cela !

1356. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Rousset a, dès l’origine, une théorie du caractère et de la fonction de Louis XIV, qui est celle des opposant et des mécontents, et que je ne crois pas très justifiée, si on y regarde de près : « Louis XIV, nous dit-il, avait, comme Philippe II, le goût des détails ; ses ministres encouragèrent ce goût et le poussèrent même à l’excès ; en trompant par la multiplicité des affaires un appétit de travail qui était réel et sérieux, ils l’assouvissaient d’abord par les petites et tenaient les grandes en réserve ; mais toutes lui étaient présentées. […] Aussitôt après le passage du Rhin, le prince d’Orange se retire et n’estime pas de la prudence d’attendre dans ses retranchements de l’Yssel Louis XIV qui comptait se porter à sa rencontre : « Cette nouvelle de la retraite prompte du prince d’Orange, quoique avantageuse pour le bien de mon service, me donna d’abord quelque mortification pour ce qui regardait ma propre gloire, parce que, s’il fût resté sur l’Yssel, j’espérais le combattre et peut-être défaire entièrement son armée ; mais, ayant toujours préféré l’intérêt de l’État à celui de ma réputation, je ne songeai qu’à profiter des avantages que la retraite des ennemis me fournissait. » Ce ne fut pas la seule fois que Louis XIV regretta d’avoir manqué l’occasion de se mesurer avec le prince d’Orange : une autre fois, dans la suite de cette guerre (1676), il la manqua encore, proche de Valenciennes, mais par sa faute ce jour-là et par trop de prudence : il ne tenait qu’à lui d’attaquer.

1357. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

» Il jouissait de leur extravagance, il les taquinait même au besoin pour la leur faire déployer ; il les invitait ou les accueillait, un peu pour les regarder, comme on voit devant soi des chevaux courir : puis, quand il les avait quittés et le soir venu, il couvrait des pages d’une écriture sans rature du récit de ces conversations, en se donnant tout simplement le beau rôle et en faisant dire, comme Socrate, à ses interlocuteurs plus de sottises encore qu’il ne leur en était sans doute échappé. […] d’idées et de phrases convenues : « Je regarde Dussault, disait-il, comme le Fiévée du classicisme, le meilleur avocat d’une vieille platitude. » Il appelait de tous ses vœux un digne adversaire et un vrai contradicteur : « Prions Dieu que quelque homme de talent prenne ici la défense du classicisme, et force ainsi les romantiques à faire usage de tout leur esprit, et à ne laisser aucune erreur dans leur théorie. » Il écrivait cela de Milan en 1819, et en vue du romantisme italien de Manzoni.

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