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289. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

» La calme intelligence de ton regard aimé (béni soit l’art qui a pu l’immortaliser et ravir au temps le droit de l’éteindre) brille ici sur moi toujours la même. […] Il était pourtant toujours sous une impression de terreur et d’effroi : cette impression accablante ne cessa soudainement qu’un jour que, lisant l’Écriture, son regard s’arrêta sur un verset de la troisième épître de saint Paul aux Romains. […] Il cherchait à m’inviter à aller au jardin en tambourinant des pattes sur mon genou, ou par un regard d’une telle expression qu’il n’était pas possible de s’y tromper.

290. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Mais si ces beaux yeux avaient le regard du basilic ? […] Mais je suis bien fol moi-même de faire un long sermon de morale à un homme à qui je devrais adresser un épithalame… Je mets en regard ce qu’est devenu ce passage sous la plume fertile de La Beaumelle : Malheureusement pour ces espèces d’animaux qui se disent raisonnables, il semble que l’erreur soit leur partage. […] Il calcule ses additions et en fait des conseils à l’usage des autres rois : « Les souverains (p. 286) ne doivent pas seulement des regards aux sciences, ils leur doivent du respect et de l’amour.

291. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

On peut trouver à redire au pêle-mêle, désirer plus de discernement dans cette pêche miraculeuse de chaque matin, demander trêve pour les plus jeunes, qui ont besoin d’attendre et de grandir, pour les plus mûrs, dont cette impatience puérile interrompt souvent la lenteur fécondante ; mais enfin il semble qu’au prix de quelques inconvénients on obtient au moins cet avantage de ne rien laisser échapper qui mérite le regard. […] La grâce de la nature est dans le mouvement d’un bras ; l’harmonie du monde est dans l’expression d’un regard. […] Son regard sur les choses est moins navrant ; il tolère la destinée et ressent désormais de la satisfaction à consigner par écrit les pensées qu’elle lui suggère.

292. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

C’était un monarque, le malheureux Richard II, qui, le matin même du jour où il fut assassiné, jetant à travers les soupiraux de sa prison un regard sur la campagne, enviait le pâtre qu’il voyait assis tranquillement dans la vallée auprès de ses chèvres. […] Il ramène ensuite ses regards sur quelque petit rayon tremblant dans une pauvre maison écartée du faubourg, et il se dit : « Là, j’ai des frères. » « Une autre fois, par un clair de lune, il se place en embuscade sur un grand chemin, pour jouir encore à la dérobée de la vue des hommes, sans être distingué d’eux ; de peur qu’en apercevant un malheureux, ils ne s’écrient, comme les gardes du docteur anglais, dans la Chaumière indienne : « Un paria ! […] Ses regards n’ont donc jamais erré dans ces régions étoilées, où les mondes furent semés comme des sables ?

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