Elle sert d’intermédiaire entre l’écriture ancienne ou prochaine, et les idées que l’écriture a reçues ou va recevoir en dépôt, entre la pensée qui veut se produire au dehors et la parole audible qui va la répandre. […] Selon Maine de Biran, le langage est l’oeuvre de la volonté humaine ; l’homme ne s’approprie un langage qu’en le refaisant lui-même, et il n’y a pas de langage extérieur sans un « langage intérieur » préalable ; ce qu’il appelle improprement ainsi, c’est d’abord le langage personnel et volontaire de l’enfant, qui se comprend lui-même avant de comprendre le langage de ses parents ; — c’est ensuite une sorte d’écho musculaire par lequel les organes de la voix s’associent instantanément aux impressions que l’oreille reçoit de la voix d’autrui ; par ces ébauches de mouvements, l’enfant s’approprie la langue qu’il entend et se fait des signes avec les sons ; — c’est enfin la parole personnelle par laquelle nous imitons les sons que nous nous souvenons d’avoir entendus. […] Si l’on m’allègue contre cette opinion que les sourds naturels ne parlent point, je réponds que ce n’est pas seulement pour n’avoir pu recevoir l’instruction de la parole par les oreilles, mais plutôt pour ce que le sens de l’ouïe, duquel ils sont privés, se rapporte à celui du parler, et se tiennent ensemble d’une couture naturelle ; en façon que ce que nous parlons, il faut que nous le parlions premièrement à nous et que nous le fassions sonner au dedans de nos oreilles, avant que de l’envoyer aux étrangères. » [Cf. § 4, p. 40.] […] Il a nié d’avance la possibilité de l’éducation de Laura Bridgmann, la sourde-muette aveugle, qui a reçu jusqu’à une instruction théologique. […] Une monographie complète de la parole intérieure devrait donc examiner successivement quatre ordres de problèmes : 1° La nature du fait, son essence, par quels caractères il se distingue des faits analogues ou concomitants, principalement de la parole extérieure et de la pensée ; et, s’il présente des variétés, par quels caractères elles se distinguent les unes des autres ; 2° Sa loi, ou son extension dans la vie psychique, ses rapports de concomitance avec les autres faits psychiques ; dans quelle mesure la parole intérieure est constante et nécessaire ; quels substituts elle peut recevoir ; 3° Ses causes et son histoire chez l’individu contemporain et dans la vie de l’humanité ; 4° Ses modifications dans les états psychiques anormaux : distraction, fatigue, sommeil, ivresse, folie, extase, somnambulisme, délire, aphasie, etc.
. — C’est ce que l’on observe en étudiant divers cas de maladie ou d’infirmité congénitale, et la théorie qui réduit nos sensations élémentaires de couleur aux trois sensations du rouge, du violet et du vert, reçoit ici de l’expérience la plus frappante confirmation80. — Certaines personnes n’ont pas la sensation du rouge81 ; d’autres n’ont pas celle du vert82 ; en prenant de la santonine, on perd pour plusieurs heures la sensation du violet. […] D’ailleurs, ce mode d’action est uniforme, et de plus le nerf est construit spécialement pour le recevoir ; la preuve en est dans la structure savante de tout l’organe dont le nerf fait partie et dans la similitude des sensations qu’un coup, un flux électrique sur l’œil ou sur l’oreille excitent à travers le nerf. […] Nous constatons que l’antécédent spécial et immédiat qui met en action les nerfs olfactifs et gustatifs est un système de déplacements moléculaires ; nous concevons que ce système de déplacements se traduit en eux par un système correspondant d’actions nerveuses, et se traduit en nous par un système correspondant de sensations élémentaires de saveur et d’odeur ; nous définissons jusqu’à un certain point ces sensations élémentaires inconnues en disant qu’elles correspondent aux mouvements moléculaires du travail chimique, comme les sensations élémentaires connues de l’ouïe ou de la vue correspondent aux ondes de l’ondulation aérienne et éthérée. — Rien de pareil pour le toucher ; nous n’avons aucun moyen de déterminer ou de conjecturer le rhythme d’action que les nerfs tactiles reçoivent et transmettent aux centres nerveux. […] En effet, les corps qu’une couche intermédiaire d’eau fait adhérer n’adhèrent plus quand ils sont plongés dans l’eau ; de même, des corps plongés dans l’huile… La peau peut recevoir des impressions par les deux faces, l’une superficielle, l’autre profonde.
Socrate démontre que l’homme ne doit pas sortir de la vie avant que Dieu lui envoie un ordre formel d’en sortir, comme celui qu’il reçoit lui-même aujourd’hui. […] Et moi, je pense que je sers Apollon aussi bien qu’eux, que je suis consacré au même dieu ; que je n’ai pas moins reçu qu’eux de notre commun maître l’art de la divination, et que je ne suis pas plus fâché de sortir de cette vie ; c’est pourquoi, à cet égard, vous n’avez qu’à parler tant qu’il vous plaira, et m’interroger aussi longtemps que les onze voudront le permettre. » Il badine ensuite avec une grâce véritablement divine, comme s’il était déjà un homme divinisé, avec ses amis, en jouant avec les beaux cheveux de Phédon, qui était assis à ses pieds, sur un siège plus bas que le lit. […] « Ceux qui sont reconnus avoir vécu de manière qu’ils ne sont ni entièrement criminels, ni entièrement innocents, après avoir subi la peine des fautes qu’ils ont pu commettre, sont délivrés, et reçoivent la récompense de leurs bonnes actions, chacun selon ses mérites. […] « Et déjà le coucher du soleil approchait, car il était resté longtemps enfermé avec les femmes et les enfants ; en rentrant, il s’assit sur son lit, et il n’eut pas le temps de nous parler beaucoup, car le geôlier entra presque en même temps, et, s’approchant de lui : « — Socrate, dit-il, j’espère que je n’aurai pas à te faire le même reproche qu’aux autres : dès que je viens les avertir, par ordre des magistrats, qu’il faut boire le poison, ils s’emportent contre moi et ils me maudissent ; mais pour toi, depuis que tu es ici, je t’ai toujours trouvé le plus courageux, le plus doux et le meilleur de ceux qui sont jamais venus dans cette prison, et en ce moment je suis bien sûr que tu n’es pas fâché contre moi, mais contre ceux qui sont cause de ton malheur… » Et en même temps il fondit en larmes en détournant son visage, et il se retira. » Socrate, le regardant, lui dit : « — Et toi aussi, reçois mes adieux ; je ferai comme tu as dit.
Il parle des hémisphères de Mazarin, voulant dire ses émissaires ; il dit que les ennemis sont dans la constellation, ce qui signifie qu’ils sont dans la consternation ; il se plaint d’avoir reçu dans la bataille une conclusion, ce qui serait pour d’autres une contusion. […] Elle porte dans les pays hospitaliers où elle reçoit accueil la langue, les goûts, les idées de la mère patrie, et en même temps la haine du régime, quel qu’il soit, qui la force à se développer sur le sol étranger. […] Ainsi au temps de Louis XIV, la flatterie se gonfle en hyperboles énormes, quand Boileau s’écrie : Grand roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire ; quand l’Académie met au concours ce sujet : De toutes les vertus du prince laquelle mérite la préférence ; quand la même Académie reçoit comme un de ses membres, le duc du Maine, âgé seulement de treize ans, mais bâtard du roi ; quand Racine l’assure que, s’il n’y eût pas eu de place vacante, chacun des académiciens existants aurait été heureux de mourir pour lui en faire une. […] C’est en ce temps-là que le socialisme reçoit son nom de baptême.