Jamais patient, agenouillé en chemise soufrée, le cierge de cire jaune lié au poing, devant le portail de Notre-Dame, et balbutiant, d’une voix étranglée par la peur, une amende honorable écrite en latin d’autodafé ne fut, à mon sens, plus piteux et plus lamentable que ce bourgeois forcé de se mettre à genoux, en bonnet de nuit, la chandelle à la main, devant sa « pendarde de femme », et d’avaler, sans grimace, l’amer déboire d’avoir tort quand il a raison. […] La comédie reste neutre entre les deux parties, elle balance leurs fautes, elle équilibre leurs raisons, elle répartit leurs griefs ; c’est là son tort : car, quoi qu’elle fasse, elle ne peut empêcher la sympathie du spectateur de se porter tout entière sur ce gentilhomme de fine souche ainsi piétiné par ces gros souliers. […] Elle a raison, la jeune Caliste, et j’approuve fort son délicat scepticisme. […] Landara, un pianiste incompris et idéologue qui fait de la musique philosophique et transcendantale, et qui, au besoin, vous traduirait, sur le piano, à livre ouvert, la Critique de la raison pure, de Kant, ou le système de Hegel. […] Elle calcule sa vie, elle la combine, elle la dirige, elle fait un mariage de raison, comme on dit, et l’apostasie qui renvoie cette renégate relapse à ses dieux impurs ne pouvait être motivée par de trop frappantes incompatibilités de vie et d’humeur.
Ces élans, à leur tour, unis déjà chez certains d’entre eux à l’inquiétude des forces morales signalées plus haut et à la poursuite documentaire des fastes historiques, se sont rencontrés principalement parmi les artistes les plus attachés à leur province, parmi des conteurs régionalistes qui, dans la connaissance exacte et chaleureuse de leur sol, ont puisé d’excellentes raisons pour aimer plus tendrement leur foyer natal, le sûr et sacré palladium des mœurs ancestrales. […] Ce n’est point par des raisons de sentiment ou par l’effet de ses tendances politiques, que l’auteur de l’Étape et du Divorce y est arrivé. […] Vigoureux et neuf, ce roman offre de belles images ; l’intérêt y est entretenu par une continuelle évocation des problèmes du temps présent : celui, surtout, de savoir si la civilisation à outrance, confinant à la cruauté froide des époques barbares, aura raison de la civilisation généreuse et policée née du christianisme. […] Boylesve est un vrai classique : il l’est dans le sens français, c’est-à-dire qu’il subordonne l’émotion à la raison, mais qu’il ne dédaigne aucun des éléments d’art propres à la première de ces facultés. […] Voilà, à mon avis, une des raisons de la supériorité des femmes dans le roman.
… Substance universelle ou Raison souveraine, Vaste inconnue où tient mon sort, qui que tu sois, Force qui m’auras fait naître et mourir, — reçois Dans l’humble vérité de cette heure sereine, Reçois en mon esprit, silencieux autel Où tremble ta lueur auguste qui dévie, Au mystère où bientôt aboutira ma vie Le consentement grave et tendre d’un mortel… … Rien ne pourra remplir cette âme aride et triste ! […] … Et puis ne sens-tu pas, d’une force invincible, Que ton âme a raison ? […] Quand nous sentant, un soir, trop seuls dans la maison, Le besoin nous prendra de pleurer sans raison, Et que, malgré le feu, nous aurons froid peut-être, Ô mon Âme, en voyant, dehors par la fenêtre, Tomber la neige immense autour de la maison. […] — Je vivrai désormais près de vous, contre vous, Laissant l’herbe couvrir mes mains et mes genoux, Et me vêtir ainsi qu’une fontaine en marbre ; Mon âme s’emplira de guêpes comme un arbre, D’échos comme une grotte et d’azur comme l’eau ; Je sentirai sur moi l’ombre de vos bouleaux ; Et quand le jour viendra d’aller dans votre terre, Se mêler au fécond et végétal mystère, Faites que mon cœur soit une baie d’alisier, Un grain de genièvre, une rose au rosier, Une grappe à la vigne, une épine à la ronce, Une corolle ouverte où l’abeille s’enfonce… » Elle vaincra l’inquiétude du néant : Ô Mort de t’avoir crainte un jour, je me repens… Lance-moi ton lacet, des flèches et ton sable Et que je jette en toi la douleur et l’ardeur De ma raison malade et de mon mauvais cœur… car, malgré tout son désir, la joie demeure insaisissable et le plaisir amer. […] Avec un lyrisme moindre, plus de sécheresse, une sorte de virilité mystique à laquelle les femmes ne sont pas accoutumées, elle émeut notre raison, élève notre cœur.
Quoique je ne connaisse aucun cas bien authentique d’animaux hybrides parfaitement féconds, j’ai cependant des raisons de croire que les hybrides des Cervulus vaginalis et Reevesii, et du Phasianus colchicus avec le Ph. torquatus, sont parfaitement féconds123. […] Quelquefois il nous est même possible de discerner pourquoi tel arbre ne peut se greffer sur tel autre, soit qu’il y ait quelque différence dans la vitesse de leur développement, dans la dureté de leur bois, dans la nature de leur sève, dans l’époque où elle afflue, etc., mais en une multitude de cas, au contraire, il nous est impossible d’assigner une raison quelconque à la répulsion des deux essences l’une pour l’autre. […] J’étais d’abord peu disposé à admettre cette idée, par la raison qu’en général les hybrides, une fois nés, se portent bien et vivent longtemps, comme nous le voyons pour la mule. […] Mais il n’est aucune raison de penser que les croisements entre espèces aient été spécialement frappés d’un degré de stérilité, variable pour chacune d’entre elles, dans le seul but d’empêcher leur mélange et leur confusion dans la nature ; pas plus qu’on ne peut supposer que certains arbres ont été spécialement doués d’une incapacité, également variable en degré et sous d’autres rapports encore fort analogues, d’être greffés l’un sur l’autre, afin d’empêcher qu’ils ne s’entre-croisent et ne se greffent naturellement les uns sur les autres dans nos forêts. […] Notre première édition portait, comme la troisième édition anglaise et la première édition allemande : « Comme Gærtner a renouvelé pendant plusieurs années ses essais de croisement sur la Primevère et le Coucou, que nous avons tant de bonnes raisons de croire deux variétés, et qu’il n’a réussi que deux ou trois fois à obtenir des graines fécondes ; comme il a trouvé… etc.