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1025. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Le public n’est ni ingrat ni indifférent ; il veut qu’on l’amuse ou qu’on l’intéresse, il a raison ! Il veut qu’on ne lui rabâche pas toujours les mêmes sornettes aux oreilles, il veut qu’on lui dise des choses nouvelles ; il a raison encore. […] Elle disparaissait : le catholicisme prit sa cause en main, et à défaut de bonnes raisons il condamna, frappa et brûla. […] Aujourd’hui nous sommes en droit d’exiger des raisons et des motifs ; nous devons dire : Pourquoi ? […] Son but, son devoir, sa mission, sa raison d’être est de travailler sans relâche à l’agrandissement de l’esprit humain.

1026. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Et ce que l’intérêt conseille, la raison l’ordonne : il y a un devoir, et notre destination est d’y obéir. […] La raison en est qu’on a confondu deux choses très différentes : la généralité des objets et celle des jugements que nous portons sur eux. […] Mais il y a une autre raison encore. […] Une première concession arrachée à la raison en entraîne une seconde, celle-ci une autre plus grave, et ainsi de suite jusqu’à l’absurdité finale. […] Il y a surtout dans le rire un mouvement de détente, souvent remarqué, dont nous devons chercher la raison.

1027. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Comme c’est le cœur qui doute dans la plupart des gens du monde, quand le cœur est converti, tout est fait ; il les entraîne ; l’esprit suit les mouvements, par coutume et par raison. […] L’aveu de Vauvenargues vient ici lui donner raison. […] On souffre de voir cet homme distingué et qui promettait presque un grand homme, si à la gêne et si peu favorisé de la fortune qu’il ne peut faire un voyage en Angleterre, où l’appelleraient ses études et aussi des médecins à consulter pour ses yeux et pour ses autres infirmités ; on souffre de le voir ne venir d’abord à Paris qu’à la volée et n’y rester que peu de temps par les mêmes raisons misérables. […] Aujourd’hui que l’homme de lettres est tant célébré par la raison peut-être qu’il se célèbre lui-même, qu’on ne s’étonne pas trop de cette répugnance de Vauvenargues pour le métier d’homme de lettres, et de ce qu’il n’y arrive que si fort à contrecœur et à son corps défendant.

1028. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il méprisa du même coup la raison, l’ordre, l’économie, domestique et les mœurs qu’on a l’habitude d’honorer. […] Comme nous disons : « 1857, l’année de Bovary, des Fleurs du Mal, des Poésies barbares, de Fanny », on dira seulement, mais c’est quelque chose : « 1893, l’année des Trophées », et dans un tiers de siècle, j’espère, les nouveaux me permettront de mentir un peu sur ce 1893 et sur cette apparition des Trophées, avec la grâce délicate que les jeunes gens ont tant raison de garder au bon chroniqueur devenu mûr et qui se souvient tout haut. […] Je dis un prétexte, parce que les raisons d’écrire sur tel ou tel sujet dans la presse sont immédiatement, puérilement, commandées par les « exigences de l’actualité », comme dit Le Petit Journal. […] C’est déjà devenu un truisme que de reconnaître combien peu sa sérénité était froide ; on est las de le comparer à un marbre, et on a raison. « Tel fut cet impassible ! 

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