Si des passions de parti, si des animosités de coterie tachent çà et là les récits de ce gazetier à la petite semaine, elles n’animent jamais sa curiosité qui reste badaude, et ne lui donnent même pas l’aiguillon du taon que la haine, quand elle est vive, sait mettre dans la médisance. […] Or, justement, n’était-ce pas là ce qu’un moraliste et un penseur, touchant à ce siècle de Louis XIV, eût dû nous montrer effrayant et visible dans ces récits narquois et consternants pour qui comprend des Réaux ? […] Saint-Bonnet a dit avec son beau style lapidaire : « Triste récit en trois mots : le roi a corrompu la noblesse, « la noblesse a corrompu la bourgeoisie, la « bourgeoisie a corrompu le peuple. » On n’en était pas là encore, mais on partait pour y arriver.
— il est bien évident que l’auteur de la Révolution n’emménagera jamais dans les limites qu’il s’est tracées l’immense récit et l’immense détail de ces soixante années, dont les jours, par la plénitude des événements, semblent avoir plus de vingt-quatre heures. […] Des soldats du régiment de Flandre et de divers corps avaient été admis à ce spectacle, afin qu’ils pussent en porter à leurs camarades le récit et les impressions. […] Dans le récit de son histoire, lorsque Castille arrive au 19 octobre, il appelle très nettement les hommes qui insultèrent la reine « quelques scélérats », et quoiqu’il les sépare, selon nous, un peu trop de la foule, toujours par amour de la force (c’était la foule qui était la force alors), il ne biaise pas sur le sentiment qu’ils lui inspirent.
José-Maria de Heredia58 I Cette Histoire d’une conquête 59 en est une sur l’imagination… Cette antique chronique d’un vieux chroniqueur oublié et à peu près inconnu en France, traduite par la fantaisie éprise d’un écrivain qui a du sang espagnol et conquérant dans les veines et la plus profonde culture de la langue française, ce récit, si différent, par les sentiments et par le ton, du ton et des sentiments de l’histoire moderne, a fait son chemin en deux temps, comme les Dieux d’Homère. […] Ici l’impression et la couleur sont si justes que l’écrivain n’a pas besoin de peser sur son récit. […] et c’est encore ce souffle de simplicité qui vient de l’Evangile et qu’on trouve aussi dans sa Chronique, — brise de Dieu qui passe, à chaque instant, sur ses récits !
Il attachait dans ses récits par la philosophie de sa raison, par la bonhomie de son caractère, et par la finesse doucement maligne de son esprit. […] M. de Ségur a conduit son récit jusqu’au moment de son retour en France, où la Révolution était déjà commencée.