Jamais le décor de septembre ne fut si riant, jamais bleu du ciel ne fut si pur, jamais beau temps ne fut aussi beau. […] Je vais prendre Burty aux Tuileries… Sous ces vieux plafonds noircis par les fêtes et les soupers de l’Empire, sous ce bel or bruni qui me rappelle l’or des plafonds de Venise, au milieu de ces bronzes, de ces marbres, qui émergent de l’emballage encore incomplet du mobilier, dans le tain de ces glaces splendides, se voient des figures rébarbatives de plumitifs, des têtes aux longs cheveux socialistes, des crânes avec une couronne de cheveux d’un roux grisonnant : — les facies maussades des purs et des vertueux. […] Samedi 15 octobre À vivre sur soi-même, à n’avoir que l’échange d’idées, aussi peu diverses que les vôtres autour d’une pensée fixe ; à ne lire que les nouvelles, sans inattendu, d’une guerre misérable, à ne trouver dans les journaux que le rabâchage de ces défaites, décorées du nom de reconnaissances offensives ; à être chassé du boulevard par l’économie forcée du gaz ; à ne plus jouir de la vie nocturne, dans cette ville de couche-tôt ; à ne plus pouvoir lire ; à ne plus pouvoir s’élever dans le pur domaine de la pensée, par le rabaissement de cette pensée aux misères de la nourriture ; à être privé de tout ce qui était la récréation de l’intelligence du Parisien ; à manquer du nouveau et du renouveau ; à végéter enfin dans cette chose brutale et monotone : la guerre, — le Parisien est pris dans Paris, d’un ennui semblable à l’ennui d’une ville de province. […] Pour moi, c’est l’exploitation visible de l’honnêteté sentimentale du public, et j’ajoute que parmi les gens littéraires auxquels j’ai été mêlé dans la vie, je ne connais qu’un homme tout à fait pur, dans le sens le plus élevé du mot, c’est Flaubert, — qui, on le sait, a l’habitude d’écrire des livres prétendus immoraux.
Il n’était rien encore que l’on discutât plus volontiers dans les assemblées qui se tenaient chez Conrart ; et, quand Richelieu fondera l’Académie, la principale occupation des académiciens « sera de donner des règles certaines à notre langue, et de travailler à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ». […] si l’espace et le temps sont des « choses » ou de pures conditions de notre sensibilité ? […] Mais Bayle, pour lui, l’est comme innocemment : il manque de pudeur comme on manque de tact, pour être ainsi fait ; et si sa plume est volontiers libertine, sa conduite fut décente, ses mœurs pures, sa vie chaste. […] Car on se tromperait, si l’on croyait que Bayle n’eût pas vu le vice de son argumentation, et qu’il consistait, comme aussi bien celui du raisonnement de ses adversaires, à transporter en Dieu — lequel, en dehors de la révélation, n’est qu’une pure hypothèse — des attributs contradictoires à la manière même dont nous en avons formé l’idée. […] Mais je pense qu’ils imitent les médecins qui, pour s’attirer plus de considération, commencent, par trouver la maladie douteuse et périlleuse devant les parents. » Mieux informée peut-être, la Palatine allait plus loin, et elle écrivait, le 20 juillet 1698, à la duchesse de Hanovre ; « Tout cela n’est qu’un jeu pour gouverner le roi et toute la cour… On a trouvé chez eux — Fénelon et Mme de Maintenon — des listes entières de charges à donner… Je vous assure que cette querelle d’évêques n’a pas le moins du monde la foi pour but ; tout cela est ambition pure ; et l’on ne pense presque plus à la religion, elle n’est que le prête-nom. » Des vers enfin couraient dans le public : Dans ces combats où nos prélats de France Semblent chercher la vérité, L’un dit qu’on détruit l’espérance.
Claude Bernard aussi est bien inquiet, le cher homme, quand, au-delà du foie et de son sucre, du cerveau et de la distinction des nerfs sensibles et des nerfs moteurs, il aperçoit une sorte de lueur, qui n’est pas de pure phosphorescence. […] Les magistrats de l’ordre le plus élevé, les magistrats de la forme pure et du Droit en quelque sorte métaphysique, sont aussi les plus centralisés de tous. […] Un travail sourd, mais continu, dont Maurras nous a conté l’édifiante histoire, s’est poursuivi contre cette pure gloire, pour empêcher ses rayons de se propager. […] Il s’agit de partir de leur acceptation pure et simple pour défricher les sentiers, ardus et contournés, de la vie normale. […] L’air était pur comme une âme d’enfant.
[NdA] Voici l’extrait pur et simple, et comme la minute de la conversation qui eut lieu à ce sujet (9 décembre 1799) : — Bonaparte : « Je ne sais qui faire consul avec Cambacérès.