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597. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Nous nous aimions tous deux dès la plus tendre enfance, Et j’avais sur son cœur une entière puissance ; Je trouvais à lui plaire une extrême douceur, Et les chagrins du frère étaient ceux de la sœur. […] Mais il a voulu en même temps que la belle et aimable fille d’Eétion, l’Andromaque aux bras blancs22, fût femme, et qu’elle n’ignorât pas la puissance de sa beauté. […] Je sais bien que, dans la pièce de Racine, les rêves d’Athalie se réalisent, et que Dieu ajoute à son châtiment l’horreur de voir en songe l’abîme où il la pousse ; mais il l’y pousse par ces passions qui ôtent le sens aux femmes, dans les pays où la loi de l’État leur donne la souveraine puissance sans leur donner la force d’en user. […] Sous le héros de la fable, je reconnais dans Pyrrhus le jeune prince exalté par la jeunesse, l’orgueil, la puissance, le courage ; cruel comme il est généreux, par emportement ; qui n’a pour résister à sa passion, ni le sens moral, ni l’expérience qui en donne les scrupules. […] Athalie y porte l’inquiétude attachée à l’usurpation violente, l’ardeur d’une femme impérieuse, l’audace qui ne voit pas le péril ; Joad, l’esprit de Dieu, l’enthousiasme pour la foi de David opprimée, et, entre autres mobiles humains, l’attachement d’un sujet à son roi, d’un oncle à son neveu, le tendre intérêt d’un homme pour un enfant échappé aux assassins ; enfin, comme je l’ai dit, l’ambition de la tutelle et la rivalité de puissance entre le pontificat et la royauté.

598. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Dans cette situation une ou plusieurs puissances spirituelles pourraient s’élever ; rien ne s’opposerait à ce qu’elles se formassent. […] Il rend impossible, non seulement la création de toute puissance spirituelle nouvelle, mais même la restauration, intégrale, du moins, de toute puissance spirituelle ancienne. […] Vouloir posséder le sol c’est se transformer de puissance spirituelle en puissance temporelle. […] Mais les a-t-il eues, au moins en puissance ? […] Elles seules on lui sont des puissances, et par conséquent elles seules sont des puissances dans la société.

599. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

Comme ces pièces premières de Lamartine n’ont aucun dessin, aucune composition dramatique, comme le style n’en est pas frappé et gravé selon le mode qu’on aime aujourd’hui, elles ont pu perdre de leur effet à une première vue ; mais il faut bien peu d’effort, surtout si l’on se reporte un moment aux poésies d’alentour, pour sentir ce que ces élégies et ces plaintes de l’âme avaient de puissance voilée sous leur harmonie éolienne et pour reconnaître qu’elles apportaient avec elles le souffle nouveau.

600. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Elle apprendra ainsi à gouverner, dans la mesure du possible, les forces obscures auxquelles jusqu’à présent elle a obéi sans le savoir et elle fera un pas vers cette liberté qui est seule à sa portée et qui consiste à connaître le jeu des lois naturelles pour commander aux puissances de la vie et pour les employer à la satisfaction de ses besoins matériels comme de ses plaisirs esthétiques.

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