Les Socrate, les Platon, se sentaient faibles et désarmés contre l’erreur publique. […] Le génie social et civilisateur des Grecs l’a surtout gagné et lui inspire de belles paroles : « Le mot de Civilité, dit-il, ne signifiait pas seulement parmi les Grecs la douceur et la déférence mutuelle qui rend les hommes sociables ; l’homme civil n’était autre chose qu’un bon citoyen qui se regarde toujours comme membre de l’État, qui se laisse conduire par les lois et conspire avec elles au bien public sans rien entreprendre sur personne. » Le mot de Civilisation n’est pas dans Bossuet, mais il fait rendre à ce mot de Civilité tout ce qu’il peut contenir de meilleur et de plus étendu. […] Toute la magnificence des Romains, dans le bon temps, était publique : l’épargne ne régnait que dans les maisons des particuliers. […] Quelle plus belle définition, quelle plus noble intelligence de ce qu’on appelle esprit public que dans ce passage de Bossuet !
Mon espèce de journal aurait été libre : je ne me serais pas assujetti à satisfaire le public. Il aurait été réparti gratuitement dans les établissements publics, il n’aurait coûté aux abonnés qu’un pourboire à donner volontairement aux colporteurs, en sorte que je n’aurais pas été astreint à le remplirrégulièrement. […] À plus forte raison des livres dont le sujet et la manière conviennent très-peu au xixe siècle français ne peuvent-ils faire sensation dans le public… « S’il me survient assez tôt des circonstances qui me mettent en état de vivre, je me féliciterai fort d’être resté étranger au commérage du monde ; de n’avoir point eu de rapport en général avec ceux pour qui vivre, c’est être en place ; de n’avoir vu que de loin les meneurs :de n’avoir pas ajouté à mes misères leurs vaines passions et de n’avoir pas mis la main à leur petit feu d’artifice… (Ici une lacune.) […] Un dernier mot sur le seul acte public de la vie de Sénancour. — Dans le procès qui lui fut intenté au mois d’août 1827 à cause de son livre, le Résumé de l’Histoire des Traditions morales et religieuses, où l’avocat du roi, Levavasseur, croyait trouver à chaque phrase l’intention manifeste de détruire la croyance à la divinité de Jésus, M. de Sénancour, défendu par Me Berville, voulut présenter lui-même au tribunal quelques explications.
Le public non plus, qui daube. […] Il y a des chefs-d’œuvre plus publics que ceux de nos récents maîtres. […] Car nul symptôme dans la montée démocratique ne laisse prédire une renaissance du goût public. […] Parce que le public retarde, vous pensez qu’il ne suit plus.
N’est-ce pas la première — et trop souvent l’unique — recommandation à la faveur du public ? […] Il faut que l’auteur y réfléchisse longuement afin d’éviter ce qui pourrait écarter le public ou le laisser se méprendre sur le caractère et la nature de l’ouvrage. […] Lorsque les célèbres romans de Grandisson pénétrèrent en France, grâce à l’adaptation de Prévost (Mémoires pour servir à l’histoire de la vertu, extrait du journal d’une jeune dame, traduit de l’anglais), ils obtinrent en très peu de temps auprès du public français un succès étourdissant. […] Habitude vicieuse et pleine de périls au théâtre surtout : car le public — il faut bien le constater — n’aime guère l’abscons ni le mystérieux, et, peu enclin à chercher la signification secrète des mots, affectionne les idées simples et d’assimilation facile.