Mérimée6 En publiant une étude biographique sur l’auteur de Colomba, M. d’Haussonville a prouvé une fois de plus qu’il sait être équitable envers ceux-là même dont il ne partage ni les idées ni les sentiments. […] Pendant la traversée, il écrivait à madame de Sabran : « J’aime, au milieu de mon inaction et de l’assoupissement de toutes mes passions violentes, à tourner mes pensées vers cette maison si chère, à t’y voir au milieu de tes occupations et de tes délassements, écrivant, peignant, lisant, dormant, rangeant et dérangeant tout, te démêlant des grandes affaires, t’inquiétant des petites, gâtant tes enfants, gâtée par tes amis, et toujours, différente, et toujours la même, et surtout toujours la même pour ce : pauvre vieux mari qui t’aime si bien, qui t’aimera aussi longtemps qu’il aura un cœur. » Il a horreur de l’emphase, et il donne un tour familier aux sentiments les plus délicats : « Quand je ne t’ai pas auprès de moi, ma pauvre tête est comme un vieux château dont le concierge est absent et où tout est bientôt sens dessus dessous. » Il garde sa bonne humeur au milieu de toutes les misères physiques et morales : « Ma vie se passe en privations, en impatiences, en accidents, en inquiétudes ; tout cela prouve bien que ton pauvre pigeon est loin de toi. […] Dieu merci, la chose est assez prouvée : Rien ne vaut l’amour pour être content.
» À cet égard, leur minutie est plaisante1203, et leurs notes, prodiguées sans mesure, montrent que leur public tout positif impose aux denrées poétiques l’obligation de prouver leur provenance et leur aloi.
Que les choses se passent bien ainsi, que la seconde des deux hypothèses soit celle pour laquelle il faut opter, c’est ce que nous avons essayé de prouver, dans un travail antérieur, par l’étude des faits qui mettent le mieux en relief le rapport de l’état conscient à l’état cérébral, les faits de reconnaissance normale et pathologique, en particulier les aphasies 74.
Cette tentative d’allonger de quelques syllabes la mesure des vers, afin de lui donner l’amplitude d’une phrase musicale, n’aura pas été tout à fait vaine, puisqu’elle nous aura prouvé que la rime, au bout de cette longue mesure, répond encore à sa sœur lointaine.