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1326. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Amaury est un homme médiocre, incapable d’un long dévouement et d’une grande passion, très personnel, prodigieusement vain, parleur prolixe et diffus, et s’il a des principes, ce sont de ces principes qui flottent à la surface de l’âme : par tous ces côtés, Amaury a peut-être bien quelque ressemblance avec le siècle. […] Qui de nous, jeté dans ce monde, éclairé ou corrompu peut-être par la sagesse du siècle, n’a été épouvanté en se trouvant tout à coup sans règle fixe, sans principes certains, sans boussole protectrice sur cette mer orageuse et infidèle ? […] Cette morale, nous l’avons tous au fond du cœur ; il faut savoir en démêler les principes, en formuler les préceptes, en exécuter les arrêts. […] Le culte des ancêtres n’est pas moins un principe conservateur dans la littérature que dans la politique. […] Mais la révolution de juillet fut sauvée par sa soudaineté même ; cette merveilleuse audace qui s’était si promptement mise au service d’une si bonne cause, fit sa force contre ceux qui n’étaient pas enclins à respecter son principe.

1327. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

L’article de la finance serait peut-être le point d’histoire qu’il serait le plus important d’éclaircir pour en découvrir les vrais principes. […] Mademoiselle de Chausseraye, qui avait du bon et quelques principes de générosité, et qui d’ailleurs était amie du cardinal de Noailles, résolut de faire échouer, s’il se pouvait, cette machination du père Tellier, et, causant avec le roi, elle y parvint de la manière qu’expose Saint-Simon : Elle trouva le roi triste et rêveur ; elle affecta de lui trouver mauvais visage et d’être inquiète de sa santé.

1328. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

De tout cela il lui a résulté peu de soif de la justice, et comme il ne se commande rien à lui-même, par facilité de vivre et par habitude de suivre ses penchants, il ne s’est formé aucuns principes de morale, de justice, ni de droit public ; il ne voit ces règles qu’à mesure des occurrences et de l’offre de chaque espèce, ce qui rend nécessairement cette conduite fautive et peu profonde, n’étant conduite que par l’esprit. […] Il le dit et le redit, comme un bon citoyen qui s’en alarme, comme un homme qui en souffre, d’une manière pénétrée et touchante : il discerne un principe de mort, à travers cet esprit qui scintille, sous cette politesse méchante et glacée : J’en reviens au progrès des mœurs.

1329. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Dans toutes ces lettres une pensée revient et se marque en termes exprès : c’est que ce n’est pas pour une offense ni pour une faute particulière, ni dans un but de châtiment, de correction et d’amendement, que le prince est enfermé, et qu’il ne l’est point, par conséquent, pour un temps limité : « Cette affaire a un autre principe et d’autres racines. » Ce principe, c’est la raison d’État qui frappe un héritier reconnu pour incapable, inepte et indigne, pour incurable, et qui l’interdit à jamais, si elle ne le retranche.

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