Ses relations anciennes avec la famille d’Orléans, ses obligations particulières et connues envers le prince auquel le tzar se montrait personnellement si contraire, ne rendaient pas son rôle plus aisé ; de plus diplomates que lui se seraient trouvés embarrassés en sa place : il s’en tira à merveille, avec droiture, loyauté et bon sens. […] » logé dans les palais du prince ou chez les premiers seigneurs de l’empire, présenté par l’empereur dans les manœuvres comme étant de son État-major, l’accompagnant dans ses voyages à l’intérieur, traité par lui non comme un peintre, mais comme un ami, comme un fils, comme un enfant gâté, avec une confiance, un laisser-aller que les lettres n’exagèrent pas, et que les meilleurs témoins nous ont certifié, Horace sut garder sa tête, son bon sens, et ne pas se laisser enivrer ni enguirlander.
Elle a jusqu’à présent tout le crédit qu’une jolie femme peut avoir ; elle a dans l’esprit tout l’enjouement et l’amusement qui peut plaire, menteuse avec un air naïf, n’aimant rien, point de vues pour l’avenir, hardie, ordurière, nulle teinture de modestie, livrée aux présents de M. le prince d’Orange, prenant de l’Empereur et du roi d’Espagne, et ce qu’il y a de beau, c’est que M. de Savoie le sait et qu’il trouve en cela le ménagement d’un méchant cœur ravi que sa maîtresse rencontre dans la libéralité d’autrui ce qu’elle ne pourrait pas trouver dans la sienne… Il redit tout à sa maîtresse, et sa maîtresse redit tout aux alliés… Dans tout cela Mme la Duchesse Royale ne fait qu’aimer son mari, le servir, vouloir ce qu’il veut et ne se mêler de rien ; Madame Royale (la mère) n’ose parler, et M. et Mme de Carignan sont dans une circonspection si craintive que, si M. de Savoie meurt, vingt-quatre heures après ils craindront qu’il n’en revienne. » Toute cette correspondance de Tessé que nous connaissons par des extraits de M. […] « Ce prince, disait Tessé qui le connaissait bien, en sait plus à 27 ans en subtilités, en mauvaises finesses et en indécisions que le vieux duc de Lorraine n’en savait à 60. » Les faibles qui ont de l’esprit apprennent vite la ruse.
Prenez Pétrarque, par exemple, le père de la Renaissance et le prince aussi de la poésie moderne (on ne rendait pas alors pleine justice à Dante) ; Pétrarque lui-même, en tant que poète toscan, est intraduisible. […] Du Bellay nous offre là en quelque sorte l’idée d’un Racine anticipé, l’idée véritablement d’un Virgile français né et nourri exprès pour rivaliser de son mieux avec cet admirable prince des poètes ; et il arrive au juste conseil, au conseil fécond et opportun, s’il avait pu se suivre et s’appliquer avec feu, avec tact et maturité : « Choisis-moi (dans notre histoire) quelqu’un de ces beaux vieux romans françois comme un Lancelot, un Tristan ou autres, et fais-en renaître au monde une admirable Iliade ou une laborieuse Énéide. » On voit (et je reviens ici au reproche de M.
En la rapportant aux progrès successifs et à la chute de la vaste et éclatante domination des princes de Bourgogne, le cercle du récit se trouve renfermé dans des limites précises. […] Les intrigues de l’archiduc Sigismond pour récupérer la Haute-Alsace, qu’il avait cédée au duc Charles dans un moment de détresse ; l’or et surtout les paroles de Louis XI, qui le mirent à même de la racheter à l’improviste, amenèrent la première phase dans laquelle les Suisses, entraînés par Berne, et agresseurs hors de chez eux, épousèrent une querelle qui n’était pas la leur, se jetèrent à main armée entre la Franche-Comté et l’Alsace, franchirent le Jura neuchâtelois, et devinrent patemment les auxiliaires actifs d’un vieil ennemi contre un prince qui ne leur avait jamais été que loyal.