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1963. (1762) Réflexions sur l’ode

Jamais la poésie n’a été si rare à force d’être si commune, à prendre ce dernier mot dans tous les sens qu’il peut avoir. […] Il n’en est aucun qu’on ne puisse prendre ici pour juge, pourvu qu’on lui donne à juger les vers d’autrui, et non pas les siens. […] Quoi qu’il en soit, l’épître paraît plus faite pour réussir aujourd’hui ; elle se présente modestement et sans appareil ; la philosophie d’ailleurs, cette philosophie qui de gré ou de force s’introduit partout, croit y être plus à sa place, parce qu’elle s’y trouve plus libre, et plus maîtresse du ton qu’elle veut prendre.

1964. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

— Et si hardis même, que la Critique, obligée d’être plus pudique que la femme qui s’est faite, sans peur et sans honte, l’historienne de tous les amours de sa vie, ne sait comment s’y prendre pour décemment y toucher. […] …… Renversement des lois de ce monde, les femmes nous ont pris… même la fatuité ! […] Le premier fut pour un jeune prélat romain quelle appelle du nom de Jérôme, et qui la séduisit à cette heure de la vie où les jeunes filles se prennent à autre chose qu’à de la froideur d’intelligence et à une étendue de connaissances qu’elles ne peuvent pas mesurer.

1965. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Après plus de mille ans de pensées ; de jugements, d’admiration, auxquels il a forcé le monde, Charlemagne n’a pas encore d’historien qui l’ait pris tout entier, de détail et d’ensemble, et nous l’ait véritablement montré ce qu’il fut ; Cromwell non plus, en Angleterre, — Cromwell, dont le profond génie tenta le génie pénétrant de Montesquieu. […] D’ailleurs, lorsqu’on n’a pas plus d’idées générales que de style, peut-on être pris par la postérité — et même par personne — pour le véritable historien de l’Empereur ? […] On ne savait pas dans quoi plongeaient les racines de ce qu’on prenait pour le système d’un homme.

1966. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Il est des réputations qui finissent par prendre, au bout d’un certain temps, la solidité de la gloire, et qu’il est difficile d’entamer. […] Nous prenons sur nous de le dire, de talent, dans ces Lettres portugaises que réimpriment les bibliothèques dites choisies, il n’y en a pas. […] Où qu’on la prît, la thèse était bonne à soutenir, et c’était un joli prélude, quoique lointain, aux Victimes cloîtrées, la fin de toute cette littérature dirigée contre les plus belles et les plus saintes institutions !

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