Laissons toutes ces hypothèses : tenons-nous-en à celle que nous venons de dire, sans prétendre, pour le moment du moins, l’épouser ni la garantir plus qu’une autre. […] De là son pessimisme, qui prétend expliquer toutes les actions humaines par l’intérêt et par la vanité, qu’il nomme l’un et l’autre d’un seul nom : l’amour-propre, c’est-à-dire l’amour de soi. […] Tandis qu’il n’en coûtait pour moi qu’à sa bourse, j’épuisais pour lui mes soins, mes talents, ma liberté, ma substance ; il buvait mon sang et ma vie à prix d’argent, et prétendait me faire vivre ! […] La critique naturelle n’exclut ni la psychologie, ni la morale, — à moins qu’on ne prétende que l’âme et la raison sont hors de la nature, comme si la nature n’était que matière ! […] L’artiste trouve donc sa madone dans chaque mère, et il voit la maternité cent fois plus belle, que vous qui prétendez la diviniser !
De même on soutient que si Molière a attaqué les médecins, c’est par adoration de la nature et parce que les médecins prétendent contrarier la nature en s’opposant à la mort ; la mort est naturelle et voilà pourquoi Molière a détesté les médecins. […] Amphitryon est l’apothéose même de Don Juan et c’est l’apologie et l’apothéose d’un Don Juan qui porte le déshonneur chez un bourgeois et qui prétend et assure qu’il fait au bourgeois le plus grand honneur du monde. […] Il est le bourgeois qui prétend que sa femme soit son bien comme sa maison est son bien, il a eu ce sentiment tout jeune. […] Tout en le reconnaissant vrai dans ses traits généraux puisqu’il met du texte de Molière dans son texte à lui, La Bruyère a prétendu le corriger et en le rapprochant de la réalité montrer que Molière l’en avait écarté. […] Messieurs, que prétendez-vous faire ?
et n’est-ce pas déjà y manquer que d’y prétendre ? […] Il a prétendu élever les âmes si haut, si loin de la terre, si loin de nos faiblesses et de nos misères, que, n’ayant pour se soutenir le lest d’aucune croyance sérieuse et forte, elles ne peuvent que tomber de ces hauteurs séraphiques, et se salir les ailes dans la boue. […] La duchesse de Langeais fut une des plus chatoyantes figures de cette galerie où M. de Balzac a prétendu mettre les derniers portraits de nos dernières grandes dames. […] Si elle avait eu des origines aussi lointaines qu’on l’a prétendu ; si rien, dans le passé le plus récent, n’avait été de nature à la préparer et à l’envenimer à la fois ; si enfin, dans ce prétendu changement de toutes choses, elle n’avait laissé subsister, pour les accommoder à son usage, une foule de rouages légués par l’ancien régime, sa victoire si rapide, son action si irrésistible, son organisation si forte, eussent-elles été possibles ? […] Non : j’ai dit, en commençant, que je n’aimais pas les lieux communs, et que je prétendais les éviter ; la prétention n’était pas modeste : je m’en punis, en ne louant pas le style de M.
« La vanité s’est placée là au seuil de ce prétendu monde nouveau ; je l’ai fait, a dit l’homme, donc il est plus beau que l’autre, que l’ancien. […] Et quant à manquer de tradition, j’avoue que prétendre que le réalisme n’a pas d’ancêtres est aussi vrai que de demander à un Montmorency s’il est de bonne famille. […] Avec une telle méthode, il marche parfaitement en tout ; seulement, dans aucun cas particulier, il ne peut prétendre à la grandeur et à la dignité. […] Il prétend ne semer et ne planter qu’en vue du Tout et de l’éternité, oubliant ainsi que le Tout n’est que le cercle complet des individus, et l’éternité qu’une somme de moments. […] Qu’un homme prétende trouver en lui-même des conceptions préférables à la nature en se conformant à la nature, ceci est le comble du grotesque.