Cette tourbe néfaste, personnification de l’esprit catholique du temps, ne prétendait à rien moins qu’à diriger la politique française ; l’objet de ses désirs, c’était avant tout l’extermination du parti de la Réforme en France. […] Quand le futur évêque de Meaux écrivait dans un placet au roi : « Nous avons à cœur d’établir un ordre et union à Metz entre tous les sujets de Votre Majesté », cela voulait dire qu’il prétendait user de tous les moyens pour refuser le droit de vivre à une fraction de la population de Metz ; plus tard dans un prêche aux Nouvelles Converties, s’adressant aux protestantes arrachées par la force à leurs maris ou à leurs pères, puis incarcérées, il les nommera : « ces pauvres filles, qui sont venues à l’Église, … qui ont couru à nous… » ! […] Ceux qui, par la suite, eurent l’air d’être changés avec plus de loisir, ne tardèrent pas, par leur fuite ou par leur conduite, à démentir leur prétendu retour. […] A la Révocation de l’édit de Nantes il répondit, le même mois, par l’édit de Postdam où il disait notamment : « Comme les persécutions et les rigoureuses procédures qu’on exerce depuis quelque temps en France contre ceux de la religion réformée ont obligé plusieurs familles de sortir de ce royaume et de chercher à s’établir dans les pays étrangers, nous avons bien voulu, touché de la juste compassion que nous devons avoir pour ceux qui souffrent pour l’Évangile et pour la pureté de la foi que nous confessons avec eux, par le présent édit, signé de notre main, offrir aux dits Français une retraite sûre et libre dans toutes les terres et provinces de notre domination ; et leur déclarer en même temps de quels droits, franchises et avantages, nous prétendons les y faire jouir, pour les soulager, et pour subvenir en quelque manière aux calamités avec lesquelles la Providence divine a trouvé bon de frapper une partie si considérable de son église. » La réponse à cet appel ne se fit pas longtemps attendre.
Lavallée, en étudiant Mme de Maintenon, ce qui arrivera à tous les bons esprits encore prévenus (et j’en rencontre quelquefois de tels) qui approcheront de cette personne distinguée et qui prendront le soin de la connaître dans l’habitude de la vie : je ne dirai pas qu’il s’est converti à elle, ce serait mal rendre l’impression simplement équitable que reçoit un esprit droit ; mais il a fait justice de cette foule d’imputations fantastiques et odieusement vagues qui ont été longtemps en circulation sur le prétendu rôle historique de cette femme célèbre. […] Louis XIV lui-même semblait hésiter : « Jamais reine de France, disait-il, n’a rien fait de semblable. » C’est par là en effet, et seulement par là, que Mme de Maintenon prétendait manifester sa prochaine, sa secrète et efficace royauté.
Il ne visait, vous aurait-il répondu, qu’à être un demi-savant, un galant homme qui a du goût pour les belles choses : « Nous autres polis, aurait-il dit d’un ton câlin, ne saurions prétendre à plus d’honneur » ; et il était homme à répliquer, comme La Monnoye, qui, un jour, complimenté sur sa science, en faisait bon marché, en même temps que montre, et avec ce grain de libertinage cher aux érudits, s’appliquait les vers d’un Baiser de Jean Second : Non hoc suaviolum dare, Lux mea, sed dare tantum Est desiderium flebile suavioli. […] Je ne prétends pas que M. de Girac, dans la suite de la querelle, n’ait pas été au-delà et ne se soit pas emporté et fourvoyé ; mais à l’origine, et en ce qui concerne Voiture, il a trouvé à redire et à rabattre tout ce que le bon sens pouvait désirer.
Mais en 1794, il n’en est pas à cette solution dernière, religieuse, à laquelle il ne s’élèvera que par degrés, et, quoique sans parti pris et sans décision absolue, il incline à tout rapporter à l’état physique et à la machine : Je ne prétends rien décider à cet égard. […] D’après mon expérience, que je ne prétends point donner pour preuve de la vérité, je serais donc disposé à conclure que l’état de nos corps, ou un certain mécanisme de notre être que nous ne dirigeons pas, détermine la somme de nos moments heureux ou malheureux ; que nos opinions sont toujours dominées par cet état, et que généralement toutes les affections que l’on regarde vulgairement comme des causes du bonheur ne sont, ainsi que le bonheur même, que des effets de l’organisation.