Entre autres paradoxes, il prétendait qu’il faut arroser les langues latines avec du vin et les langues anglo-saxonnes avec de la bière, et il assurait que, pour sa part, il devait au stout et à l’extra-stout des progrès étonnants, cette boisson, si foncièrement anglaise, le faisant entrer dans l’intimité du pays, lui causant des sensations, lui suggérant des idées inconnues aux Français et lui révélant des nuances d’interprétation insaisissables pour tout autre. […] Maintenant John Bell, qui ne veut pas qu’on détruise ses mécaniques et prétend qu’il faut payer par un travail assidu son écot au banquet de la vie, ou se lever de table si l’on n’a pas d’argent, rigide pour les autres comme il l’a été pour lui-même, semble le seul personnage raisonnable de la pièce. […] Monpou aimait les rythmes difficiles, et prétendait que les coupes peu usitées amenaient des motifs nouveaux. […] Habeneck, dévoué au grand art, risquait de temps à autre quelques-unes des plus intelligibles symphonies de Beethoven, qu’on trouvait barbares, sauvages, délirantes, inexécutables, bien qu’on les jouât, et que les classiques d’alors prétendissent n’être pas plus de la musique, que les vers de Victor Hugo n’étaient de la poésie, et les tableaux d’Eugène Delacroix de la peinture.
On se préoccupe du sort des masses, de l’avenir des masses, du bonheur des masses, et en même temps on dédaigne leur suffrage, on prétend écrire pour quelques-uns. […] Il prétend les juger au nom d’une morale, les plier à une conception de la société et du bonheur qu’il nous aurait donnée sans doute, qui ressort en tout cas de ses négations. […] On l’a plaisanté un peu partout sur le moi et le non moi, sur l’identité des contradictoires, et son prétendu scepticisme. […] Puis pourquoi Barrès prétendait-il être un guide ? […] Oui, toutes lumières crues, insolentes, aveuglantes, de prétendu progrès, de gaz et d’athéisme, d’électricité positive, qui brûlent les regards et n’éclairent que le riche, lumières mal promenées, aux endroits dangereux, tenues par des mains d’audace et de haine, bientôt détestables et détestées !
Nourri de l’étude des Grecs et de Cicéron, curieux amateur des beautés du langage, Quintilien prétendit rendre à l’éloquence sa grandeur par de sages conseils sur la manière d’écrire. […] Il ne resta plus de l’irruption des Français dans Byzance que la puérile prétention de quelques familles qui avaient cherché pendant la conquête leurs généalogies dans nos romans chevaleresques, et qui prétendaient descendre de Roland ou des pairs de Charlemagne. […] Mais le manuscrit original ne s’est jamais trouvé, et l’on ne doute plus aujourd’hui que l’ouvrage entier ne soit une fiction du prétendu traducteur. […] En lisant Shakspeare avec l’admiration la plus attentive, il m’est impossible d’y reconnaître ce système prétendu, ces règles de génie qu’il se serait faites, qu’il aurait suivies toujours, et qui remplaceraient pour lui la belle simplicité choisie par l’heureux instinct des premiers tragiques de la Grèce, et mise en principe par Aristote. […] Des critiques ont même prétendu qu’une étude attentive et une adroite imitation de tous les poètes qui l’ont précédé, était la source presque unique de son talent, et qu’on trouverait à peine dans ses vers, si habilement faits, une expression remarquable qui ne fût dérobée quelque part ; mais peu importe d’où viennent les mots ; le tissu de la fiction fait le grand écrivain ; et l’on ne peut nier que Pope, sous ce rapport, ne se place parmi les premiers modèles du style et du goût.
Marlowe, comme Greene, comme Kett35, est un incrédule, nie Dieu et le Christ, blasphème la Trinité36, prétend que Moïse était un imposteur, que le Christ était plus digne de mort que Barrabas, que « si lui, Marlowe, entreprenait d’écrire une nouvelle religion, il la ferait meilleure », et « dans chaque compagnie où il va, prêche son athéisme. » Voilà les colères, les témérités et les excès que la liberté de penser met dans ces esprits neufs, qui, pour la première fois après tant de siècles, osent marcher sans entraves. […] Les deux natures vont chacune à son extrême ; chez les uns vers l’audace, l’esprit d’entreprise et de résistance, le caractère guerrier, impérieux et rude ; chez les autres vers la douceur, l’abnégation, la patience, l’affection inépuisable83 ; chose inconnue dans les pays lointains, surtout en France, la femme ici se donne sans se reprendre, et met sa gloire et son devoir à obéir, à pardonner, à adorer, sans souhaiter ni prétendre autre chose que se fondre et s’absorber chaque jour davantage en celui qu’elle a volontairement et pour toujours choisi84.