On ne sauroit posséder à fond l’Histoire de France, si l’on ne fait une étude solide & approfondie de ce recueil dont le douziéme vol. occupe actuellement les continuateurs.
Pour le pauvre, c’est l’argent ; pour l’ouvrier, la place du patron ; pour le journaliste, un gros emploi, peu à faire et de longues vacances ; pour l’avocat, un ministère, fût-ce celui de la guerre ; pour tous enfin, c’est de posséder ce qu’ils sont incapables de gagner. […] Je l’entends surtout du petit coin que j’en ai possédé, à Boitsfort, dans le voisinage de Bruxelles, où j’ai écrit le plus grand nombre de ces pensées, et où j’achève ma vie au milieu des peines qui me les ont inspirées, et qu’il m’aide à supporter.
Tel l’homme d’humour, qui n’est d’abord qu’un homme un peu singulier et qui ensuite devient l’homme qui est spirituel avec un genre d’esprit spécial et qui plus tard devient l’homme qui est spirituel de toutes les manières et qui, enfin, chez les derniers philosophes anglais qui le définissent, possède, avec de l’esprit, à peu près toutes les hautes qualités morales et unit en lui Socrate et Marc-Aurèle. […] Il en fait un menteur, ce qui, je le reconnais, était à peu près imposé par le sujet ; mais, ce qui n’était pas imposé par le sujet, il en fait non pas le Don Juan ordinaire qui est simplement l’homme qui veut mettre dans sa vie le plus possible de sensations vives ; mais il en fait un méchant, le méchant, « le grand seigneur méchant homme » qui fait le mal parce que le mal est amusant, l’homme qui jouit moins de posséder une femme que de désespérer un mari et aussi la femme, l’homme qui voyant deux fiancés très épris l’un de l’autre « se figure un plaisir extrême à pouvoir troubler leur intelligence et rompre cet attachement dont la délicatesse de son cœur est offensée », le néronien en un mot qui dit exactement comme Néron : Je me fais de leur peine une image charmante. […] Quelque impression que fît cet usage sur le cœur des hommes, toujours était-il excellent pour donner au sexe une bonne constitution dans la jeunesse par des exercices agréables, modérés, salutaires et pour aiguiser et former son goût par le désir continuel de plaire sans jamais exposer ses mœurs. » C’est conformément à ces idées que Sophie, quand elle défie Émile à la course, « retrousse sa robe des deux côtés et, plus curieuse d’étaler une jambe fine aux yeux d’Émile que de le vaincre à ce combat, regarde si ses jupes sont assez courtes… », c’est conformément à ces idées que Rousseau, en proscrivant le théâtre, recommande les bals et souhaite qu’il y en ait d’officiels, présidés par un magistrat, surveillés par les pères et les mères, où « l’agréable réunion des deux termes de la vie donnât à l’assemblée un certain coup d’œil attendrissant, où l’on vît quelquefois couler des larmes de joie et de souvenir capables d’en arracher à un spectateur sensible, et où l’on couronnât la jeune personne qui se serait comportée le plus honnêtement, le plus modestement et aurait plu davantage à tout le monde…5 Une faculté à leur donner, car elles ne l’ont pas ou elles l’ont peu, c’est le don d’observation psychologique, et l’on a vu qu’il leur est absolument indispensable, ou plutôt qu’il est indispensable aux maris qu’elles le possèdent, puisque, manque de connaître les hommes, elles pourraient être séduites par eux.
Dans ses Considérations, il aime à expliquer de grands succès par un mélange heureux de crimes ou de vices : ainsi ceux de Sylla, de César ou d’Octave ; et, dans l’Esprit des lois, il note, ici et là, des « qualités admirables » dont il prétend montrer que les effets politiques sont très pernicieux à ceux qui les possèdent.