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988. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  Dix siècles étendent leurs ailes brumeuses — autour de moi, et une auréole mourante rayonne — jusque sur ces temps lointains où mainte contrée sujette — tenait ses yeux fixés sur les bâtisses de marbre du lion ailé, —  quand Venise, assise dans sa pompe, posait son trône sur ses cent îles. […] « Il regardait les chiens maigres sous le mur, —  qui faisaient leur carnaval sur les morts, —  se gorgeant et grondant sur les carcasses et les membres. —  Ils étaient trop affairés pour aboyer contre lui. —  Ils avaient arraché la chair du crâne d’un Tartare, —  comme on pèle une figue quand le fruit est frais, —  et les crocs blancs grinçaient sur le crâne encore plus blanc, —  quand il glissait à travers leurs mâchoires émoussées. —  Eux, paresseusement, allaient mâchonnant les os des morts, —  et pouvant à peine se traîner hors de l’endroit où ils s’étaient emplis, —  tant ils avaient bien rompu leur long jeûne, —  sur ceux qui étaient tombés pour leur repas de la nuit. —  Alp reconnut, aux turbans, qui avaient roulé sur le sable, —  les premiers entre les plus braves de sa troupe ; —  rouges et verts étaient les châles qui ceignaient leurs têtes, —  et chaque crâne avait une longue touffe de cheveux ; —  tout le reste était rasé et nu. —  Leurs crânes étaient dans la gueule du chien sauvage, —  et leur chevelure entortillée autour de sa mâchoire. —  Tout auprès, sur le rivage, au bord du golfe, —  un vautour s’était posé, battant des ailes, pour chasser un loup — qui était descendu furtivement des collines, mais se tenait à l’écart, —  effarouché par les chiens, loin de la proie humaine. —  Pourtant il attrappa sa part d’un cheval qui gisait, —  rongé par les oiseaux sur les sables de la baie1284. » Voilà l’issue de l’homme ; la chaude frénésie de la vie aboutit là ; enseveli ou non, peu importe : vautours ou chacals, ses fossoyeurs se valent. […] Avec quel entraînement ses bras convulsifs se tendent vers cette forme frêle qui, frissonnant, sort de la tombe, vers ces joues où le sang rappelé par contrainte pose une rougeur maladive « comme celle que l’automne met sur les feuilles mourantes1293 !  […] Les jeunes filles reposent dans le large appartement silencieux, comme de précieuses fleurs apportées de tous les climats dans une serre. « L’une a posé sa joue empourprée sur son bras blanc, —  et ses bouclés noires font sur ses tempes une grappe sombre. —  Elle rêve ainsi dans sa langueur molle et tiède. —  L’autre, avec ses tresses cendrées qui se dénouent, laisse pencher doucement sa belle tête, —  comme un fruit qui vacille sur sa tige, —  et sommeille, avec un souffle faible, —  ses lèvres entr’ouvertes, montrant un rang de perles. —  Une autre, comme du marbre, aussi calme qu’une statue, —  muette, sans haleine, gît dans un sommeil de pierre, —  blanche, froide et pure, et semble une figure sculptée sur un monument1309. » Cependant les lampes alanguies n’ont plus qu’une clarté bleuâtre ; Dudu s’est couchée, l’innocente, et si elle a jeté un regard dans son miroir, « c’est comme la biche qui a vu dans le lac — passer fugitivement son ombre craintive. —  Elle sursaute d’abord et s’écarte, puis coule un second regard — admirant cette nouvelle fille de l’abîme1310. » Que va devenir ici la pruderie puritaine ?

989. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Il était là, dans sa pose assurée, et me tendait, avec son charmant sourire, une petite bouteille pleine d’eau limpide et transparente. « Allons, dis-je en me levant et en lui serrant la main avec une sorte d’enthousiasme, conduis-moi, je te suis. » Il sourit de nouveau, et se remit en marche. […] — Toujours en avant, reprit Yégor ; c’est le moyen de passer partout. » Nous suivîmes son conseil, et nous parvînmes à la Gary, bien que les chevaux eussent eu souvent à poser le nez contre terre. […] Pendant ce temps le iamstchik restait immobile, penché de côté et regardant la porte fermée, tandis que le laquais de Lavretzky gardait la pose pittoresque qu’il avait prise en sautant à terre, une main appuyée sur le siège. […] Sa main s’était posée sur la portière, à côté de celle de Lavretzky.

990. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Richelieu, l’abbé Fleury posent nettement en principe que le peuple ne doit savoir ni lire ni écrire. […] Comment Paris ne voit-il pas qu’il n’est ce qu’il est que par la royauté, qu’il ne reprendra toute son importance de capitale que par la royauté, qu’une république, selon la règle posée par l’illustre fondateur des États-Unis d’Amérique, créerait nécessairement pour son gouvernement central, à Amboise ou à Blois, un petit Washington ?  […] Libéraux par principes philosophiques, nous vîmes bien que les arbres de la liberté qu’on plantait avec une joie si naïve ne verdiraient jamais ; nous comprimes que les problèmes sociaux qui se posaient d’une façon audacieuse étaient destines à jouer un rôle de premier ordre dans l’avenir du monde. […] Une question se pose donc à tout esprit réfléchi.

991. (1932) Le clavecin de Diderot

Avant l’apothéose masochiste, il y a eu, certes, quelques divertissements, ce que les Français nomment bagatelles de la porte : flirt baptismal avec saint Jean-Baptiste, petite toilette intime et parfumée des mains des Saintes femmes, et surtout, la Cène avec le pain (et le pain long, on sait ce qu’il peut représenter et on sait aussi que, jamais, les peintres qui firent de ce repas, tant de tableaux célèbres, n’ont posé, sur la table, des petits pains fendus, symboliques, eux, du sexe féminin). […] Jésus-Christ, avec sa Pâque et ses apôtres, me rappelle un vieux couple de pédérastes qui se léchaient, pourléchaient les babines, à la pensée de manger des croque-monsieur, et, dans un genre hétérosexuel, ce curieux plat intitulé caprice de Madame à l’indienne, composé de rognons de lapins (on n’échappera point à certaine association) posés sur un plat de riz, le riz fournissant lui-même l’image d’un tapis de dents. […] Revenu au pays natal, Oreste n’a-t-il point posé son pied dans une empreinte, juste à sa mesure ? […] Un problème posé d’après les règles et formules de la psychologie traditionnelle, des questions réduites à elles-mêmes, au gré de la méthode analytique, ne peuvent recevoir de juste solution, ni même de réponse approximative. […] Aux observations que se voient, de toute part, opposer les recherches surréalistes, à la négation des problèmes culturels qu’on ne veut pas laisser résoudre, pas même poser, il n’est de meilleure réponse que cette constatation d’Engels dans l’Anti-Dühring : « Les principes ne sont pas le point de départ de la recherche mais le résultat final, ne sont pas appliqués à la nature et à l’histoire de l’humanité, mais en dérivent.

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