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1638. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

IV Appliquons ce principe à l’un des arts qui semblent s’inspirer le plus directement de la réalité physique, un de ceux qu’on a nommés plastiques, à la peinture, et dans la peinture, au genre qui semble avoir pour condition plus particulière l’exacte reproduction d’une forme matérielle et déterminée, au portrait. La ressemblance est le but du portrait ; c’est là sa plus indispensable beauté. […] A-t-on fait un bon portrait, même un portrait ressemblant, en copiant avec précision tout ce qui se voit, se mesure et s’apprécie par la vue sur un visage à un moment donné ? Une des plus curieuses inventions de la science moderne, le daguerréotype, est venu démontrer toute la distance qui sépare, même sous le rapport de la ressemblance, un véritable portrait de la reproduction mathématique des formes d’une tête dans tous ses détails.

1639. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Et dans la scène des portraits, l’une des plus admirables et des plus exquises de l’ouvrage, où le caractère de Célimène achève de se révéler, où elle montre si bien comment la bonté du cœur peut se concilier avec la méchanceté de l’esprit, comment les railleries ingénieuses dont les cercles s’amusent sont impuissantes à dépraver les caractères généreux ! […] Martine, si je ne m’abuse, est le portrait vivant de cette bonne Laforesta, à qui Molière lisait ses comédies, et dont il consultait la figure pour prévoir le sort de ses ouvrages. […] Il a demandé hautement si Tartuffe et les Femmes savantes faisaient mention de l’édit de Nantes et des guerres de Flandre, si Destouches, dans le Dissipateur et le Philosophe marié, avait raconté les orgies de la régence et les débauches du Parc-aux-Cerfs ; si Marivaux, dans les Fausses Confidences, avait tracé le portrait de la Du Barryb. […] Au lieu de perdre son temps à décrire les panneaux et les portraits de son palais, comme un archéologue, il devrait dire à Gennaro : Tu vas mourir, parce que ma femme est ta maîtresse, et à Rustighello : Tue-le, parce que je le veux.

1640. (1894) Critique de combat

Celui qui écrit ces lignes a su par lui-même quel fraternel appui on rencontrait dans cette maison fleurie où le deuil est entré l’an dernier, et, sans vouloir ni pouvoir s’acquitter, il tient à honneur d’accrocher son offrande de critique, un petit portrait littéraire de Cladel, au premier monument funéraire qu’on lui élève. Le portrait ne sera pas flatté ; cela ne serait pas digne de lui, et d’ailleurs à quoi bon ? […] Je me souviens d’une série de portraits intitulée : Les Français peints par eux-mêmes. […] On ne peut pas dire que ce portrait du patriarche de Ferney soit flatté.

1641. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Pour compléter le portrait de l’homme idéal, il faudrait emprunter encore quelques traits à certaines figures que M.  […] Renan, je me demanderais ici si ce parti pris d’optimisme, cette bienveillance si souvent excessive, cet idéalisme qui le ramène toujours à son moi, ne lui ont pas nui, et jusqu’à quel point l’exactitude de ses portraits en a souffert. […] Le premier portrait que nous possédons de lui — il avait vingt et un ans — nous montre une belle tête de jeune homme, aux traits réguliers, au nez fin, au front large et haut qu’entourent des cheveux bouclés, aux yeux bleus grand ouverts, que gâte seulement une bouche dont les coins se relèvent avec une expression dédaigneuse, presque sarcastique. […] Cet honnête homme-là, dont le portrait complet pourrait remplir beaucoup de pages, vaut peut-être bien l’autre.

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