D’habiles critiques ont porté plus loin le scepticisme : ils ont pensé que la guerre de Troie n’avait jamais eu lieu, du moins telle qu’Homère la raconte ; et ils ont renvoyé à la Bibliothèque de l’Imposture les Dictys de Crète, et les Darès de Phrygie, qui en ont écrit l’histoire en prose, comme s’ils eussent été contemporains. […] Est-il vrai que, dans cette période, Hermès ait porté d’Égypte en Grèce la connaissance des lettres et les premières lois ? […] Nous ne pouvons admettre ni l’une ni l’autre opinion. — Les Grecs ne se servirent point d’hiéroglyphes comme les Égyptiens, mais d’une écriture alphabétique, encore ne l’employèrent-ils que bien des siècles après. — Homère confia ses poèmes à la mémoire des Rapsodes, parce que de son temps les lettres alphabétiques n’étaient point trouvées, ainsi que le soutient Josèphe contre le sentiment d’Appion. — Si Cadmus eût porté les lettres phéniciennes en Grèce, la Béotie qui les eût reçues la première n’eût-elle pas dû se distinguer par sa civilisation entre toutes les parties de la Grèce ?
Le style en est simple, mais la poésie nouvelle, même après Homère : « Les cavales87 qui m’entraînent se sont élancées aussi loin que le cœur me poussait, puisqu’elles m’ont porté sur la voie glorieuse de la divinité, qui place l’homme éclairé au milieu de tous les mystères. […] Tandis que le vaillant soldat de Marathon portait sur le théâtre agrandi quelques rayons de cette philosophie, au risque d’être accusé de sacrilège, d’autres poëtes devaient la célébrer, attirés par le même prestige d’une harmonie céleste. […] Empédocle, en effet, né dans Agrigente, avait, nous apprend Aristote, rem porté le prix de la course équestre dans les jeux de la soixante-onzième olympiade.
En effet, à quel haut degré de perfection n’auroient-ils pas porté nos découvertes, utiles ou agréables, si elles cussent été faites de leur temps ? […] Ils s’avilirent de façon, & se livrèrent à une telle licence, que les derniers qui portèrent ce nom, craints & méprisés, furent chassés honteusement. […] Il n’appartenoit qu’à Molière seul d’avoir la gloire de créer de nouveau l’art de la scène Comique, & de le porter fort au-delà de celui des Anciens. […] C’est le Peintre du cœur, le Poëte de toutes les ames sensibles, qui, dans ses ouvrages, a porté la langue Françoise au dernier degré de perfection & de pureté. […] La noble & majestueuse simplicité de nos Ancêtres disparut, & nos yeux, accoutumés autrefois à ce beau simple, furent tout-à-coup éblouis par un luxe porté à l’excès.
Rousseau ait sali de son urine la marmite d’un voisin, ou qu’Alfieri ait eu la tête teigneuse et porté deux ou trois fois perruque dans son enfance ? […] Elle passait pour sa femme légitime, portait son nom, et avait une fille de lui que nous retrouverons bientôt modèle de son sexe. […] « “J’apprends, écrit lord Stanley à sa cour, que le fils du Prétendant se met à boire dès qu’il se lève, et que chaque soir ses valets sont obligés de le porter ivre-mort dans son lit. […] La responsabilité nouvelle qui pesait sur lui, ce titre de roi qu’il portait, les marques de dévouement que lui prodiguait encore son entourage, la présence et les conseils de son frère, rien ne put l’arracher à l’ivrognerie. […] Une médaille fut frappée pour perpétuer le souvenir de cet événement ; sur l’une des faces, on voyait le portrait de Charles-Édouard, sur l’autre celui de la jeune femme, et la légende, inscrite aussi sur la muraille de la chapelle, portait ces mots en latin : Charles III, né en 1720, roi d’Angleterre, de France et d’Irlande. 1766.