» Don Diègue s’agenouille pour baiser la main du roi : Rodrigue s’y refuse : il faut une exhortation de son père pour l’y décider, et quand il se prépare à le faire, il a si mauvaise grâce et porte si longue épée que le roi effrayé s’écrie : « Otez-moi de là ce démon ! […] Il vit les portes ouvertes et les huis sans cadenas, les perchoirs vides, sans fourrures et sans manteaux, et sans faucons et sans autours mués. […] Toutes les portes restent fermées devant lui. […] Le Cid les fait avertir qu’il est là en personne à la porte : « Dieu !
Cet écrit sur l’Amitié dont M. d’Andilly et les amis de Mme de Sablé faisaient de si prodigieux éloges, et dont elle accoucha sur la fin de 1660, n’est qu’une suite de maximes, placées les unes après les autres et formant à peine deux petites pages : il porte le caractère d’une réfutation, et voici ce qu’en dit M. […] Le premier des modernes français, il porte un coup d’œil philosophique dans l’histoire ancienne. […] « Ils accoururent donc en sa maison, pour tâcher de lui faire perdre cette funeste pensée, mais ils trouvèrent les portes fermées, et elle ne voulut jamais qu’on les leur ouvrît, quelques instances qu’ils en fissent. […] Le couplet n’a rien que d’ordinaire : Ninon, passe tes jours en jeu ; Cours toujours où l’amour te porte ; Le prédicateur qui t’exhorte, S’il était auprès de ton feu.
Il m’est arrivé, dans un chapitre de Port-Royal, d’avancer que chacun, plus ou moins, porte en soi son Montaigne, c’est-à-dire sa nature un peu païenne, son moi naturel où le christianisme n’a point passé. On pourrait presque affirmer de même que de nos jours, non point absolument chacun, mais tout esprit sérieux et réfléchi, tout cœur troublé, qui conçoit le doute et qui en triomphe ou qui le combat, porte son Pascal en lui, et, selon les manières diverses de souffrir et de lutter, on conçoit ce Pascal diversement : chacun de nous fait le sien. […] » Mais dans ces paroles mêmes si vives, si poignantes, il y a encore trop de l’homme de ce temps-ci, du Pascal tel que chacun le porte et l’agite en soi, du Pascal d’après Werther et René65. […] Remarquez encore que chacun porte dans sa philosophie et sa théologie son humeur, ce qu’on oublie trop.
Or, à part un très-petit nombre de noms grandioses et fortunés qui, par l’à-propos de leur venue, l’étoile constante de leurs destins, et aussi l’immensité des choses humaines et divines qu’ils ont les premiers reproduites glorieusement, conservent ce privilège éternel de ne pas vieillir, ce sort un peu sombre, mais fatal, est commun à tout ce qui porte dans l’ordre des lettres le titre de talent et même celui de génie. […] Le général de la congrégation tenta bien une démarche amicale pour lui rouvrir les portes ; mais Prévost, déjà parti, n’en fut pas informé. […] Lenglet l’avait brutalement accusé de s’être laissé enlever par une belle : Prévost répondit que de tels enlèvements n’allaient qu’aux Médor et aux Renaud, et il exposa en manière de réfutation le portrait suivant, tracé de lui par lui-même : « Ce Médor, si chéri des belles, est un homme de trente-sept à trente-huit ans, qui porte sur son visage et dans son humeur les traces de ses anciens chagrins ; qui passe quelquefois des semaines entières dans son cabinet, et qui emploie tous les jours sept ou huit heures à l’étude ; qui cherche rarement les occasions de se réjouir ; qui résiste même à celles qui lui sont offertes, et qui préfère une heure d’entretien avec un ami de bon sens à tout ce qu’on appelle plaisirs du monde et passe-temps agréables : civil d’ailleurs, par l’effet d’une excellente éducation, mais peu galant ; d’une humeur douce, mais mélancolique ; sobre enfin et réglé dans sa conduite. […] Le biographe de l’édition de 1810, qui est le même que celui de l’édition de 1783, a copié sur ce point le biographe qui a publié les Pensées de l’abbé Prévost en 1764, et qui lui-même s’en était tenu aux explications insérées dans le nombre 47 du Pour et Contre. — On a imprimé dans je ne sais quel livre d’Ana, que Prévost étant tombé amoureux d’une dame, à Hesdin probablement, son père, qui voyait cette intrigue de mauvais œil, alla un soir à la porte de la dame pour morigéner son fils au passage, et que celui-ci, dans la rapidité du mouvement qu’il fit pour s’échapper, heurta si violemment son père que le vieillard mourut des suites du coup.