Amour et culte de la vie présente, sentiment de la force humaine, besoin de sérénité et d’allégresse, voilà ce qui le porte à éviter la peinture de l’infirmité physique et de la maladie morale, à représenter la santé de l’âme et la perfection du corps, à compléter la beauté acquise de l’expression par la beauté foncière du sujet. […] Quoi de plus différent que deux vies, l’une au niveau du sol avec toutes les portes ouvertes sur la campagne, l’autre juchée et enfermée dans les compartiments étroits d’une haute maison moderne ? […] Un Pallicare porte un accoutrement aussi surabondant que le nôtre. […] Elle forme l’homme par le chœur ; elle lui enseigne les attitudes, les gestes, l’action sculpturale ; elle le met dans un groupe qui est un bas-relief mobile ; elle s’emploie tout entière pour faire de lui un acteur spontané qui représente de verve et pour son plaisir, qui se donne en spectacle à lui-même, qui porte la fierté, le sérieux, la liberté, la dignité simple du citoyen dans les évolutions du figurant et dans la mimique du danseur. […] Philoctète, au moment de partir, salue « les nymphes coulantes des fontaines, la voix retentissante de la mer heurtée contre ses promontoires ». — « Adieu, terre de Lemnos, entourée par les vagues ; renvoie-moi sans offense, envoie-moi par une heureuse traversée là où le puissant Destin me porte. » Prométhée, cloué sur sa roche, appelle à lui tous les grands êtres qui peuplent l’espace : « Ô divin Ether, Souffles rapides, Sources de fleuves, Sourire infini des vagues marines ; ô Terre !
Léger est la contraction d’un mot latin, de cinq syllabes, leviarium ; si légère porte sa signification, mégère la porte-t-il aussi ? […] Or le cliché porte sur les mots et le lieu commun sur les idées ; le cliché qualifie la forme ou la lettre, l’autre le fond ou l’esprit. […] On comprendrait de même la séparation de l’Orient en catholicisme grec et en religion orthodoxe, celle-ci n’étant tout au fond qu’un protestantisme sectaire toujours bouillonnant, toujours prêt à enfoncer la porte de l’autorité. […] Des jeunes gens fort bien doués se sont fermé toutes les portes, ont gâché, par la puérile vanité du style, le plus bel avenir littéraire. […] Rien n’est plus dangereux que de faire imprimer ses opinions ; on est le maître de celles que l’on garde sous clef, dans sa tête ; on est l’esclave de celles auxquelles on a ouvert la porte.
« Franklin parle quelque part de cette affection d’habitude que l’on porte aux objets inanimés, affection qui n’est ni l’amitié ni l’amour, mais dont le siége est pourtant aussi dans le cœur. […] Il oublie l’heure ; les portes de la ville se ferment, et il est obligé de passer la nuit entière en proie aux terreurs. […] Or, les âmes fières, on l’a justement remarqué, aiment encore moins l’amour et son bonheur pour, ce qu’elles y trouvent que pour ce qu’elles y portent ; et l’infirmité inévitable qu’il y porte, et qui l’a humilié si longtemps, devrait lui coûter à rappeler, à nommer, — à moins pourtant qu’il ne soit devenu tout à fait américain, ce qui est très-possible, mais ce qui n’en serait pas plus aimable.
Le fils du marquis de Parny, brillant, aimable, nouveau venu de Versailles, dut être une bonne fortune pour la société de Saint-Paul ; sa condition lui ouvrait toutes les portes, ses talents lui ménagèrent des familiarités. […] Je ne sais ce que répondit Hiéron ; mais Parny, lui, n’eut point à se repentir d’avoir envoyé ses Grâces frapper à la porte du cabinet de Français (de Nantes), et elles ne lui revinrent point avec un refus. […] le donnerai ici une ode au Plaisir qu’on peut supposer traduite en prose d’un élégiaque étranger, allemand ou anglais ; elle exprime sous une autre forme la pensée que nous venons de rencontrer à propos de Parny ; mais il y faudrait la fraîcheur de touche d’un Gray ou d’un Collins : « O doux et cher Génie, au regard vif et tendre ; au vol capricieux, rapide ; à l’accent vibrant, argenté, mélodieux ; dont la chevelure exhale un parfum sous la couronne à demi penchée ; dont la main porte un rameau de myrte en fleur, ou d’amandier tout humide de gouttes de rosée qui brillent au soleil du matin ; ou qui, le soir, assoupis tes pas sur les gazons veloutés aux rayons de la lune ; « O Dieu de la jeunesse et de la tendresse, langoureux comme une femme, hardi comme un amant ; volage, imprévu, consolateur ; — ô Plaisir, à toi, avant que ma voix ait perdu son timbre qui pénètre et cet accent que tu connais, à toi mes adieux !